Introduction
La guerre en Ukraine, qui entre dans sa quatrième année, a franchi ce week-end un nouveau seuil dans la violence et la complexité géopolitique. L’attaque massive de 367 projectiles russes sur le territoire ukrainien, causant la mort d’au moins 13 personnes, intervient alors que la diplomatie internationale semble piétiner et que l’opinion occidentale s’interroge sur la pérennité du soutien à Kiev. La réaction de Donald Trump, qui a exprimé son « insatisfaction » face aux méthodes de Vladimir Poutine, ajoute une dimension inédite à ce conflit qui redessine les équilibres du continent européen. Décryptage d’une séquence où la brutalité du terrain croise les hésitations stratégiques des grandes puissances.
Une attaque d’ampleur, symptôme d’une guerre qui s’enlise
Dans la nuit du samedi 31 mai au dimanche 1er juin 2025, l’Ukraine a été la cible d’une offensive d’une ampleur rarement vue depuis le début de l’invasion russe.
69 missiles balistiques et de croisière,
298 drones kamikazes Shahed,
des cibles multiples : centrales électriques, infrastructures ferroviaires, quartiers résidentiels.

Le bilan humain, 13 morts et plus de 40 blessés, s’ajoute à des dégâts matériels considérables, notamment sur le réseau énergétique déjà fragilisé par les frappes de l’hiver précédent. Le président Volodymyr Zelensky a dénoncé une « stratégie de terreur » visant à épuiser la résistance ukrainienne et à plonger le pays dans l’obscurité.
L’évolution de la doctrine russe : guerre d’attrition et terreur psychologique
Depuis l’échec de la prise de Kiev et la stabilisation du front dans le Donbass, la Russie a adapté sa stratégie. Les frappes de masse sur les infrastructures vitales visent à :
Déstabiliser l’économie ukrainienne,
Saper le moral de la population,
Contraindre l’Occident à la lassitude et à la négociation.
Cette doctrine de la terre brûlée, héritée de la guerre froide, s’accompagne d’une guerre de l’information et d’une instrumentalisation de la crise énergétique pour peser sur les opinions publiques européennes.
Trump, Biden et la tentation du repli américain
La réaction de Donald Trump, qui a déclaré être « insatisfait de ce que fait Poutine », marque une inflexion notable dans sa rhétorique. Longtemps accusé de complaisance envers le Kremlin, l’ancien président américain, en campagne pour 2026, cherche à se repositionner comme arbitre d’un possible compromis.
Joe Biden, de son côté, réaffirme le soutien « indéfectible » des États-Unis à l’Ukraine, mais la pression monte au Congrès pour conditionner l’aide militaire à des avancées diplomatiques.
L’Europe, confrontée à la montée des populismes et à la fatigue de la guerre, s’interroge sur la viabilité d’un soutien sans limite.
La question centrale demeure : l’Occident est-il prêt à accompagner l’Ukraine jusqu’à la victoire, ou cherche-t-il désormais une sortie de crise négociée, quitte à accepter une forme de statu quo territorial ?
L’Europe face à ses responsabilités et à ses divisions
L’attaque russe a provoqué une vague de condamnations unanimes à Bruxelles, Berlin et Paris.
Emmanuel Macron a appelé à « une intensification des livraisons d’armes et de munitions »,
Olaf Scholz a insisté sur « l’unité européenne face à la barbarie »,
Donald Tusk a plaidé pour « une stratégie de long terme » incluant la reconstruction de l’Ukraine.
Mais derrière l’unité de façade, les divergences persistent :
Certains pays d’Europe centrale réclament une implication militaire directe de l’OTAN,
D’autres, comme la Hongrie ou la Slovaquie, prônent la négociation et la levée partielle des sanctions.

La guerre en Ukraine révèle ainsi la fragilité du projet européen face à la realpolitik et à la pression des opinions publiques.
Les perspectives : escalade, gel du conflit ou négociation ?
Trois scénarios se dessinent pour l’été 2025 :
Escalade militaire : La Russie intensifie ses frappes, l’Ukraine riposte par des attaques de drones en territoire russe, le risque d’embrasement régional s’accroît.
Gel du conflit : Les lignes de front se figent, la guerre devient un conflit de basse intensité, l’Ukraine survit sous perfusion occidentale.
Négociation sous contrainte : Sous pression, Kiev accepte d’ouvrir des discussions, mais les conditions imposées par Moscou restent inacceptables pour la majorité des Ukrainiens.
L’issue dépendra autant de la résilience ukrainienne que de la capacité de l’Occident à maintenir une stratégie cohérente.
Conclusion
L’attaque massive de ce week-end rappelle que la guerre en Ukraine est loin d’être une « guerre oubliée ». Elle est le miroir des tensions du XXIe siècle : affrontement des puissances, fragilité des alliances, poids de l’opinion et retour de la violence de masse sur le continent européen. Plus que jamais, la question ukrainienne interroge la capacité de l’Europe à se défendre, à s’unir et à peser sur la scène mondiale.