Pourparlers à Charm el-Cheikh – un pas décisif vers la paix israélo-palestinienne ?
La ville égyptienne de Charm el-Cheikh, surnommée “Cité de la Paix”, accueille en octobre 2025 une nouvelle série de pourparlers indirects entre le Hamas et une délégation israélienne, avec la participation active de médiateurs égyptiens, qataris et d’émissaires américains et européens. Deux ans après l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre 2023 et la guerre qui a ravagé Gaza, la dynamique diplomatique s’installe comme un enjeu crucial de stabilité régionale .
Les négociations, qui se déroulent à huis clos, visent avant tout un accord sur l’échange de prisonniers et la libération des otages encore détenus depuis 2023, un sujet éminemment sensible pour l’opinion publique des deux camps. Menées par Ron Dermer côté israélien et Khalil al-Hayya côté Hamas, elles sont le reflet d’un climat régional “d’optimisme prudent”, selon les observateurs, dans une séquence où la diplomatie américaine — incarnée par l’émissaire Jared Kushner — retrouve une influence directe, deux ans après la relance du “plan Trump”.
L’enjeu ne se limite pas à la simple question humanitaire. Au-delà, ces discussions rouvrent le chantier sur l’avenir du cessez-le-feu, la levée (partielle ou totale) du blocus de Gaza, ainsi que sur la perspective d’un réaménagement politique du territoire. Les grandes puissances du Moyen-Orient, à commencer par l’Égypte, jouent leur crédibilité comme médiateurs historiques : Charm el-Cheikh réunit toutes les mémoires des processus de paix – d’Oslo à Madrid – et cristallise les espoirs comme les déceptions.

À court terme, la priorité est l’élaboration d’une feuille de route crédible : les pourparlers actuels doivent poser les bases d’un second round, intégrant les exigences sécuritaires israéliennes (désarmement du Hamas non négocié pour Tel-Aviv), les attentes des Palestiniens sur la reconstruction, et l’implication internationale, alors que les États-Unis souhaitent accélérer une normalisation partielle au sein du monde arabe.
Mais le contexte demeure ultra-tendu. Si la phase d’échanges a été qualifiée de “positive”, les fractures internes — tant du côté israélien que palestinien — fragilisent le processus : la question des colonies, celle du contrôle sécuritaire, les tensions sur le terrain et l’absence de perspectives de véritable indépendance alimentent le scepticisme.
La communauté internationale suit la situation de près : l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine et les acteurs du Golfe multiplient les déclarations en faveur d’un règlement durable. Les efforts diplomatiques de Charm el-Cheikh sont porteurs d’un espoir modéré : ils pourraient annoncer un pas vers la sortie de crise, ou au contraire, précipiter de nouveaux blocages en cas d’échec sensationnel.
