Syrie, drones meurtriers à Alep – escalade meurtrière des tensions kurdes
Depuis septembre 2025, la région d’Alep en Syrie est prise dans une spirale de violence alimentée par l’usage croissant de drones armés, dont l’onde de choc touche de plein fouet la population et les combattants kurdes. Mi-septembre, plusieurs frappes au drone, attribuées aux milices affiliées au gouvernement syrien, ont ciblé les quartiers à majorité kurde de la périphérie d’Alep, blessant une dizaine de personnes, dont quatre enfants, et occasionnant des dégâts humains et matériels majeurs.
Les forces des Syrian Democratic Forces (SDF), soutenues par les États-Unis et actives à l'est de l’Euphrate, font face à une double pression : celle, directe, du pouvoir de Damas, qui exige la dissolution ou l’intégration des milices kurdes dans l’appareil sécuritaire national ; et celle de la Turquie toute proche, qui multiplie les frappes dans le corridor nord de la Syrie. L’attaque la plus meurtrière a été recensée à Deir Hafer, avec des tirs d’artillerie et des drones explosifs contre des habitations civiles, sept morts et des accusations croisées entre le régime syrien et la direction kurde.

Sur le terrain, la situation se tend : des centaines de combattants SDF ont été forcés d’abandonner leurs positions, alors que le gouvernement intérimaire de Damas se dit déterminé à reprendre la maîtrise totale du secteur. Le cessez-le-feu, fruit d’un compromis difficile signé au printemps entre le président Ahmed al-Sharaa et le chef SDF Mazloum Abdi, est plus précaire que jamais. Sa fragilité reflète celle d’un “raisonnement géopolitique à courte vue”, selon les observateurs, où ni le désarmement imposé, ni la militarisation continue, ne peuvent stabiliser durablement la région.
L’enjeu dépasse la simple rivalité ethnique : Alep incarne l’une des dernières lignes de fracture ouverte entre les partisans d’un État syrien unifié et ceux d’une autonomie kurde. La population civile, elle, paie le prix d’une instabilité structurelle : exodes répétés, destructions, insécurité permanente et détresse sociale. L’ONU et plusieurs ONG réclament un retour aux négociations, la garantie de corridors humanitaires et la relance du dialogue pour une réconciliation nationale revisitée.
Au plan international, ces violences sur fond de drones illustrent la mutation des conflits au XXIᵉ siècle, où la technologie s’invite jusqu’au cœur des rivalités locales – un scénario d’autant plus inquiétant qu’il alimente la montée des tensions régionales, l’antagonisme Ankara-Damas-Kurdes, et l’incertitude sur la stabilité du Proche-Orient.
