Déjà incarcéré pour neuf ans dans des conditions éprouvantes, le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a été condamné hier vendredi à 19 années de prison pour «extrémisme» à l'issue d'un procès à huis clos. Ce militant anticorruption de 47 ans devra purger sa peine dans une colonie à «régime spécial», soit l'un des établissements pénitentiaires à la plus sinistre réputation en Russie, d'ordinaire destinée aux criminels les plus dangereux et aux condamnés à perpétuité. À la lecture du verdict, Alexeï Navalny est apparu souriant et l'air détendu, selon des journalistes de l'AFP sur place, discutant son co-accusé Daniel Kholodny, un ancien responsable de sa chaîne YouTube. De ce qui précède, l'ONU a aussitôt après invité à la «libération immédiate» de l'inculpé Navalny et l'UE a jugé «inacceptable» cette condamnation «arbitraire». Dans le même sens, Berlin a dénoncé une «injustice flagrante» et la France un «acharnement judiciaire». Toutefois, au 18e mois de l'assaut contre l'Ukraine, la Russie est confrontée à une vague de répression visant tant les opposants d'envergure, emprisonnés ou poussés à l'exil, que des milliers de Russes ordinaires ayant critiqué l'offensive. Détracteur de longue date du président russe, Alexeï Navalny a vu la justice s'acharner sur lui avant le conflit en Ukraine, mais son sort s'est aggravé depuis. Pour rappel, Alexeï Navalny, régulièrement placé à l'isolement et confronté à des problèmes de santé, avait dit jeudi dernier s'attendre à une «peine longue, stalinienne». Sa condamnation «est un sinistre acte de vengeance politique qui ne vise pas seulement Navalny personnellement, mais qui sert d'avertissement aux détracteurs de l'État dans tout le pays», a réagi dans un communiqué l'ONG Amnesty International.
