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Sanctions contre la Russie : l'autoflagellation de l’Europe

Sanctions contre la Russie : l'autoflagellation de l’Europe

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février dernier, l'Alliance occidentale avec comme tête de proue la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne, ont décidé de sanctions contre le pays de Vladimir Poutine. L'essentiel de ces sanctions sont économiques et sensées asphyxier le pays. Seulement, ces pays ont oublié leur dépendance envers la Russie et un mois plus tard, on entend comme quelques grincements de dents.

 

Sous la pression de Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle française, qui a traité le groupe Total de complice des atrocités en Ukraine, celui-ci a décidé de suspendre ses importations de pétrole de la Russie, mais ne se résoud toujours pas à stopper ses importations de gaz car comme l'a précisé son Directeur Général, l'économie européenne se trouverait alors vraiment en danger. Jeudi 24 mars 2022, c'est le groupe Renault qui annonçait l'arrêt de ses activités en Russie. Il faut dire que la Russie est le deuxième plus grand marché de Renault et le groupe français en Russie c'est 400 000 employés et 500 000 voitures montées chaque année.

Avant ces derniers épisodes on peut noter 10 sanctions majeures infligées à la Russie. Les banques, le 26 février, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Commission européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada se sont accordés sur l’exclusion de certaines banques du système Swift, ce afin de "s’assurer qu’elles soient déconnectées du système financier international et paralyser leur capacité à opérer". Dans sa dernière vague de mesures, l’Union européenne a également fait le choix d’interdire les transactions avec la Banque centrale russe ou toute personne morale, entitée ou organisme agissant pour le compte ou sur les instructions de la Banque centrale russe. L’UE a aussi décidé d’exclure les entrées financières en provenance de la Russie, de lui couper l’accès aux marchés de capitaux les plus importants, et d’interdire les dépôts supérieurs à 100 000 euros de ressortissants ou résidents russes. En ce qui concerne l'énergie, la vente, la fourniture, le transfert ou l’exportation vers la Russie de biens et technologies utilisés dans des raffineries de pétrole ont été interdites. Avec cette mesure du 25 février, l’UE entendait frapper le secteur pétrolier russe, dont les recettes d’exportation en 2019 s’élevaient à 24 milliards d’euros. Pour ce qui est de l'espace aérien, les transporteurs aériens, y compris commerciaux, et tous les autres aéronefs russes ne pourront plus atterrir ou décoller sur le territoire de l’UE, ni le survoler. Le 28 février, l’UE a instauré une interdiction des exportations de biens et technologies dans le secteur de l’aviation et de l’industrie spatiale. Impossible, également, de fournir des services d’assurance, de réassurance et d’entretien de ces technologies.

Justement dans le domaine des technologies, Bruxelles a adopté de nouvelles restrictions aux exportations de biens et technologies susceptibles de contribuer au renforcement du secteur russe de la défense et de la sécurité. Le secteur de la communication n'était pas en reste puisque les médias russes Sputnik et RT (Russia Today), ont été interdits d'émission sur le sol européen. Sur le plan sportif, la Russie a été exclue des éliminatoires de la coupe du monde Qatar, les clubs russes exclus de la coupe de l'UEFA tout comme les athlètes russes et biélorusses exclus des jeux paralympiques de Pékin. Par ailleurs, 680 personnes, dont des parlementaires de la Douma et 53 entités sont désormais visées par des sanctions individuelles. L’UE a ordonné le gel de leurs avoirs et l’interdiction de leur délivrer des fonds. Le plus célèbre d'entre eux c'est sans doute Roman Abramovitch qui s'est vu évincé de la tête du club londonien de football, Chelsea.

Toutes ces sanctions étaient sensées faire plier la Russie, mais rien n'y a fait. En Europe par contre, le prix du carburant est parti à la hausse, des interrogations ont commencé à germer ici et là sur une probable pénurie de blé dont l'Europe dépend aussi de la Russie. Beaucoup en Europe craignent aujourd'hui qu'il arrive à leurs entreprises ce qui est arrivé à MCDO. A peine avoir suspendu ses activités en Russie, celles-ci ont été reprises par des russes. Certains craignent aussi qu'abandonner le marché russe ouvre un boulevard à la Chine qui ne se fera pas prier pour l'occuper. Et une fois que la guerre sera finie les entreprises européennes pourraient bien se retrouver en très grandes difficultés, si ça ne sera pas le cas avant. Toutes choses qui montrent bien qu'avec ces sanctions et étant donné que la Russie a prévenu qu'elle parviendra à ses objectifs en Ukraine, que ce soit par la guerre ou par les négociations, l'Europe est plus en pleine séance d'autoflagellation plutôt qu'autre chose.

Loris-Clet ADIANG