Politique

Cameroun : Paul Biya, un régime sans vision ni ordre à l'approche de la fin ?

Cameroun : Paul Biya, un régime sans vision ni ordre à l'approche de la fin ?

Yaoundé, le 15 mai 2024 - À l'approche de l'élection présidentielle de 2025 au Cameroun, de nombreuses interrogations planent sur l'avenir du pays, plongé dans une période d'incertitude et de désordre sous la direction chancelante du président Paul Biya, âgé de 91 ans.

Un pays rongé par les violences et l'insécurité

Malgré un calme apparent, le Cameroun est en proie à une insécurité grandissante, marquée par la multiplication des bandes armées et des crimes violents à travers le territoire. L'assassinat récent d'un journaliste d'investigation par des éléments présumés des services spéciaux a choqué l'opinion, illustrant l'emprise des barons du régime sur les forces de sécurité."Le Cameroun est devenu une terre de sang, où plus personne n'est à l'abri de la violence aveugle", déplore Kah Walla, responsable d'une ONG locale de défense des droits humains. "L'État semble avoir perdu le contrôle de ses propres institutions."

Un pouvoir vacillant sans réelle direction

Affaibli par l'âge et la maladie, Paul Biya apparaît de plus en plus déconnecté de la réalité du terrain, laissant un vide au sommet de l'État. Une lutte de pouvoir fait rage dans son entourage, certains remettant même en cause la délégation de signature accordée à son puissant ministre d'État Ngoh Ngoh."Qui dirige réellement le Cameroun en ce moment ? Le président Biya est diminué et ses proches se disputent les miettes du pouvoir", s'interroge le politologue Ambroise Fouda. "C'est un régime à la dérive, sans cap ni vision pour le pays."

Une élite déconnectée des réalités

Jadis réputé pour la qualité de ses élites intellectuelles, le Cameroun semble aujourd'hui incapable de se réinventer et de se projeter dans la modernité. L'opposition dénonce un pouvoir sclérosé, obnubilé par sa seule survie politique."Le Cameroun a perdu son âme, son ambition de devenir un État moderne, respectueux des lois et de l'État de droit", regrette l'ancien Premier ministre Akere Muna. "Nous sommes un pays à la dérive."Alors que l'échéance électorale de 2025 se rapproche, de nombreux observateurs s'interrogent : le Cameroun va-t-il sombrer dans le chaos ou renouer avec l'espoir d'un avenir apaisé ? Une période décisive s'ouvre pour ce pays à la croisée des chemins.