Les Nigérians ont élu hier samedi 18 mars, vingt-huit des 36 gouverneurs du pays. Ils sont les « parrains » du système fédéral nigérian. Un premier défi d’ampleur pour Bola Tinubu, le président élu du Nigeria, candidat victorieux du Congrès des progressistes (APC) et lui-même ancien gouverneur de Lagos. À la tête de régions aussi vastes et peuplées que certains pays, ces magnats locaux ont le contrôle sur d’énormes ressources et ont une grande influence sur les nominations, tant au niveau local que national. La pratique du « parrainage » est au centre de la machine politique nigériane. L’enjeu est gigantesque dans un État fédéré qui compte plus de 20 millions d’habitants et qui se classe parmi les dix premières puissances économiques africaines en termes de Produit Intérieur Brut. Cette campagne serrée a attisé les tensions entre les Yoruba, l’éthnie de Bola Tinubu et les Igbo, le groupe ethnique de Peter Obi. Le directeur de la campagne du LP a dénoncé mardi 14 mars les manœuvres de « politiciens désespérés ». « La vérité, c’est que plus de Yoruba que de Igbo ont voté pour notre candidat (…) car les gens veulent une meilleure gouvernance et libérer Lagos de l’emprise [de politiciens qui se comportent comme] un syndicat du crime organisé », peut-on lire dans le communiqué du LP. Toutefois, l'opposition espère en tout cas confirmer ses scores de la présidentielle dans certaines régions-clés lors du scrutin de samedi. Atiku Abubakar, le candidat du Parti démocratique populaire (PDP), a enregistré une percée dans le nord-ouest du pays (Kaduna, Katsina), jusque-là acquis au Congrès des progressistes. Par ailleurs, l’État de Kano, le deuxième plus peuplé du pays, pourrait tomber aux mains du Nouveau Parti du peuple nigérian (NNPP), de Rabiu Kwankwaso, qui a obtenu une majorité écrasante dans cette région lors de la présidentielle. Il n’est pas exclu non plus que la capitale fédérale, Abuja, bascule, elle, dans le camp travailliste.