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Conflit Russo-Ukrainien : le difficile alignement de l’Afrique

Conflit Russo-Ukrainien : le difficile alignement de l’Afrique

Le conflit entre la Russie et l'Ukraine est passée à la phase de guerre depuis le jeudi 24 février 2022 au petit matin. Si l'on a pu voir des réactions instantanées venant de partout sur la planète, en Afrique, tout est resté timide. Ce n'est que 3 jours plus tard que l'Union Africaine a publié un communiqué signé du président en exercice de l'instance et du président de la commission de l'UA, demandant en substance un cessez-le-feu et l'ouverture de négociations. Au delà de la conjoncture actuelle, la timide prise de position des Etats africains a des origines bien lointaines.

 

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que les cartes avaient été redistribuées, la majorité des États africains n'existaient pas encore et étant sous le joug de la colonisation, ont été entraînées par les puissances colonisatrices dans leur camp, bien qu'était né le concept de "Pays non alignés".

Après le vent des indépendances, certains leaders africains ont opté pour la poursuite des relations telles qu'elles étaient établies c'est à dire, une adhésion massive au modèle occidentale et le rejet du communisme. Néanmoins, certains téméraires ont adopté l'idéologie communiste, avec des fins toutes tragiques. Patrice Emery Lumumba, Samora Machel, Marien Ngouabi, Ruben Um Nyobe, Kwame Nkrumah ou encore Thomas Sankara, ont payé cher leur rapprochement avec le bloc communiste.

La chute à la fin des années 80 du bloc soviétique et l'effondrement du communisme, ont fini de convaincre les uns et les autres que l'idéologie Occidentale était la meilleure, puisque d'ailleurs c'était la seule qui restait. Depuis les années 90 jusqu'à nos jours, c'est à la source des États-Unis, de la France, de l'Angleterre, que tous les dirigeants africains sont allés s'abreuver. Au point où l'arrivée de la Russie dans ce qui était alors considéré comme étant le précarré de la France, ces derniers mois, en Centrafrique ou au Mali, a été jugé au mieux comme de l'impertinence et au pire comme de la trahison.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie est un grand test pour l'Afrique et ses dirigeants. Sauront-ils se défaire du joug idéologique occidental et prendre position officiellement contre cette politique quand on sait qu'il y a chez les africains une grogne sourde par rapport à la présence notamment française en Afrique devenue trop pesante? C'est un pas qui a déjà été franchi dans l'opinion publique.

Sur les réseaux sociaux, les peuples africains réagissent beaucoup à l'actualité et sont à majorité pour un changement de l'ordre établi avec bien évidemment l'espoir que ce changement impactera toutes les relations internationales et fera sauter le joug occidental, comme c'est déjà visible notamment au Mali et en Centrafrique. Une prise de position libre que ne se sont pas encore permis les dirigeants africains, ni contre, ni en faveur d'un camp ou l'autre. Une tiédeur qui peut s'expliquer par une certaine prudence diplomatique et une volonté de rester à l'écart de ce conflit, d'attendre sagement le vainqueur pour ne pas avoir plus tard à payer les conséquences d'un engagement avec le camp adverse.

Loris-Clet ADIANG