Scandale chez Carrefour en Arabie saoudite : Amnesty International tire la sonnette d'alarme
Un rapport accablant d'Amnesty International met en lumière les conditions de travail alarmantes des employés de Carrefour en Arabie saoudite. L'enquête, menée sur plusieurs mois, révèle des pratiques en contradiction flagrante avec les standards internationaux du travail.
Parmi les violations dénoncées figurent :
- Des journées de travail excessivement longues, parfois jusqu'à 16 heures sans pause
- Des salaires inférieurs au minimum vital
- L'absence de jours de repos hebdomadaires
- Des conditions de logement insalubres pour les travailleurs migrants
Un ex-employé d'entrepôt, cité dans le rapport, témoigne : "Nous ne sommes pas traités comme des êtres humains. On nous pousse à travailler jusqu'à l'épuisement, sans considération pour notre santé ou notre dignité."
Carrefour, présent en Arabie saoudite via un système de franchise, a réagi rapidement à ces accusations. Dans un communiqué, le groupe français affirme : "Nous prenons ces allégations très au sérieux et avons immédiatement lancé un audit interne. Nous nous engageons à respecter les droits de tous nos employés, quel que soit le pays d'opération.
"Le franchisé saoudien, Majid Al Futtaim, a également réagi, promettant une enquête approfondie et des mesures correctives si nécessaire. Cependant, des experts du droit du travail soulignent la complexité de la situation dans un pays où les lois sociales diffèrent significativement des standards occidentaux.
Cette affaire soulève des questions sur la responsabilité des multinationales opérant via des franchises dans des pays aux législations du travail moins protectrices. Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient chez Human Rights Watch, commente : "Les grandes entreprises ne peuvent se cacher derrière le système de franchise. Elles ont une responsabilité morale et légale de s'assurer que leurs marques ne sont pas associées à des violations des droits humains.
"Le scandale pourrait avoir des répercussions importantes pour Carrefour, tant en termes d'image que de performances économiques. Déjà, des appels au boycott circulent sur les réseaux sociaux, et certains investisseurs s'inquiètent des risques réputationnels.
L'affaire met également en lumière les défis auxquels font face les entreprises internationales opérant dans le Golfe, où les réformes sociales progressent lentement malgré les pressions internationales.
Amnesty International appelle Carrefour et son franchisé à prendre des mesures immédiates pour améliorer les conditions de travail, et exhorte le gouvernement saoudien à renforcer sa législation du travail. L'ONG souligne que cette situation n'est pas isolée et reflète des problèmes systémiques dans le pays.
Cette affaire pourrait marquer un tournant dans la manière dont les multinationales gèrent leurs opérations dans des marchés émergents, les obligeant à une vigilance accrue sur les pratiques de leurs partenaires locaux.