La question du fonctionnement des centrales nucléaires se pose, lundi 18 juillet, alors que la France traverse une nouvelle vague de chaleur. Le refroidissement des réacteurs réchauffe en effet l’eau des rivières et des cours d’eau. Quatre centrales nucléaires ont obtenu une dérogation temporaire aux règles environnementales.
Depuis 2006, chaque centrale nucléaire a ses propres limites réglementaires de température de rejet de l’eau à ne pas dépasser, afin de ne pas échauffer les cours d’eau environnants et d’en protéger la faune et la flore.
Pour fonctionner, une centrale nucléaire pompe en effet de l’eau dans une rivière ou une mer voisine pour refroidir ses réacteurs. L’eau est ensuite rejetée, nettement plus chaude, au même endroit. Avec une canicule anormalement précoce, la réglementation voudrait que l’on stoppe les réacteurs pour ne pas dépasser les limites de température dans les cours d’eau.
Mais aujourd’hui EDF souhaite « garantir le bon fonctionnement du réseau électrique, qui nécessite de disposer à tout moment de moyens de production capables de s’ajuster à la demande en électricité » également « indispensable à la sécurité. »
Une dérogation temporaire aux règles environnementales a ainsi été accordée à la centrale nucléaire du Bugey, dans l’Ain, pour lui permettre de continuer à fonctionner « à un niveau minimal de puissance » pendant la canicule, selon un arrêté publié dimanche au Journal Officiel. La centrale fonctionnera néanmoins à un niveau minimal de puissance et l’eau rejetée ne devra pas réchauffer le fleuve Rhône de plus de trois degrés.
Ces demandes de dérogation ont été déposées par EDF afin de garantir le fonctionnement des infrastructures, et ce alors que 29 réacteurs français sur 56 sont actuellement indisponibles pour diverses raisons.
Cela sera surveillé, précise l’arrêté publié au Journal Officiel. Une trop forte élévation de la température ne serait pas sans conséquence sur la biodiversité.
Trois autres centrales nucléaires sont également concernées par la mesure : celles de Golfech dans le Tarn-et-Garonne, du Blayais en Gironde et de Saint-Alban en Isère, et cela jusqu’au 24 juillet.
Le dispositif de dérogation, qui vise à garantir le bon fonctionnement du réseau électrique, n’avait jusqu’ici été utilisé qu’une fois, en 2018 pour la centrale de Golfech, pour 36 heures.
Avec une chaleur précoce cette année, EDF a déjà dû réduire la puissance d’un réacteur pendant quelques heures en mai au Blayais, puis en juin à Saint-Alban, au bord du Rhône.
Les centrales les plus exposées au risque de dépassement des limites thermiques de rejet de l’eau sont Golfech, Le Blayais, et sur le Rhône Bugey, Saint-Alban et Tricastin. S’y ajoute Chooz, dans les Ardennes, du fait d’un accord franco-belge sur le débit de la Meuse, avait indiqué EDF début juillet.
Denise KAVIRA KYALWAHI