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Après les heurts au Stade de France, l’UEFA lance un audit conjoint avec la police

Après les heurts au Stade de France, l’UEFA lance un audit conjoint avec la police

Une célébration troublée et la France s'est retrouvée, pointée du doigt après les heurts qui ont éclaté aux abords du Stade de France, samedi soir, à l'occasion de la finale de la Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid. Une soirée marquée par les mouvements de foule, les gaz lacrymogènes, les charges policières et des supporters de Liverpool qui n'ont pas pu accéder à l'enceinte du Stade, avant la fin de la première mi-temps.

 

Le désordre à la place de la fête, des contrôles de sécurité qui traînaient en longueur, des supporters qui se massaient, la frustration, la peur de rater le match de leur équipe, tout cela avait retardé le coup d'envoi du match de plus de trente minutes et provoqué des tensions à l'extérieur du Stade.

Certains supporters ont même essayé d'escalader les grilles du Stade de France. La réplique policière s'est alors musclée et elle s'est diffusée en direct sur les réseaux sociaux.

La France se retrouve pointée du doigt, son organisation considérée comme pas à la hauteur d'un tel événement. Les autorités dénoncent, les milliers de supporters de Liverpool venus avec de faux billets. Cela a bloqué les portiques de sécurité, provoquant un attroupement massif. « Les tentatives d'intrusion et de fraude de milliers de supporters anglais ont compliqué le travail des stadiers », a ainsi indiqué la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.

Pourtant, selon de premiers témoignages, le dispositif policier est également mis en cause et notamment la troupement des supporters anglais à leur sortie du RER pour gagner le stade. C'est là qu'un premier goulet d'étranglement s'est formé.


Les supporters noyés dans les gaz lacrymogènes.
L’autre question concerne les gaz lacrymogènes, était-il nécessaire de les utiliser alors que de nombreuses familles, parfois avec enfants, se sont retrouvées coincées dans le mouvement de foule ?

L'UEFA va lancer un audit en lien avec la police pour apporter la lumière sur les réelles circonstances et éclaircir les choses. De toute évidence, quelque chose n'a pas fonctionné, à l'image de la saison de Ligue 1 où les incidents ont été nombreux aux abords des stades. Et cela interroge alors que le pays organise la Coupe du monde de rugby l'année prochaine et les Jeux olympiques dans deux ans.

En Angleterre, les réactions ont été crues contre la police française. « Un carnage absolu, ça paraît dangereux », voici les mots d’un commentateur de la BBC publiés sur Twitter samedi soir alors qu’il tentait d’entrer dans le Stade de France.

Du côté français, on critique les supporters anglais, mais le Royaume-Uni pointe du doigt les failles de la police et de la sécurité de l’hexagone.

« Ce n’est pas la première fois que nous voyons ça à l’étranger, explique Brandon Lewis, ministre du gouvernement britannique ce dimanche sur Sky News. Nous sommes très chanceux ici au Royaume-Uni, nous avons une police spécialisée là-dedans, ils sont très bons. Nous devons savoir ce qui s’est passé dans le détail. Mais c’est préoccupant de voir ces gens empêchés d’entrer au stade ou qui ont été traités avec une approche très agressive. »

Selon les forces de sécurité du club de Liverpool, les fans britanniques faisaient preuve d’exemplarité aux tourniquets alors que les circonstances étaient « choquantes ». Le club de football britannique s’est dit déçu dans un communiqué. C’était le plus grand match européen, les supporters ne devraient pas vivre de telles scènes. Les Reds demandent l’ouverture d’une enquête.

« Sentiment d'humiliation »
Ces scènes de désordre ont suscité de fortes critiques dans les camps de l'opposition. Interrogée dimanche, au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Marine Le Pen, la dirigeante du Rassemblement national a fait part d'un « sentiment d'humiliation parce que nous sommes regardés par le monde entier et l'intégralité des capitales qui ont vu cela ont constaté que la France n'était plus dans la capacité d'organiser de grandes manifestations sans que celles-ci dégénèrent ».

Du côté de Jean-Luc Mélenchon, on souligne sur BFMTV que « l'image est lamentable, elle est inquiétante parce qu'on voit clairement qu'on n'est pas préparés pour des événements du type Jeux olympiques ».

Rosine MANGA