Politique

Après la démission annoncée du président, une semaine décisive s'ouvre au Sri Lanka

Après la démission annoncée du président, une semaine décisive s'ouvre au Sri Lanka

Au Sri Lanka, une semaine inoubliable vient de s'achever avec le départ du président Gotabaya Rajapaksa, chassé par les manifestants. Un moment plébiscité par une large partie de la population. Il était devenu l'ennemi de tout un peuple, accusé d’avoir liquidé l’économie du pays. Ainsi, les questions sous-jacentes sont : Quel est l’état d’esprit des manifestants après ces événements et quels sont les derniers faits politiques ?


Selon la plupart des manifestants, c’est le résultat de trois mois de lutte. Les manifestations avaient commencé pour protester contre les différentes pénuries et l’inflation qui frappait le pays mais s'étaient très vite concentrés autour d’un mot d’ordre : « Gota Dehors ! »

Cela est arrivé depuis ce week-end, vu que le président Gotabaya Rajapaksa a fui et a annoncé sa démission samedi 9 juillet.
Il l'a d’ailleurs confirmée lundi matin auprès du Premier ministre.

Toutefois, les manifestants demeurent inquiets tant que la démission ne sera pas actée légalement ce mercredi 13 juillet, car ils se méfient beaucoup de leurs dirigeants. Suite à des rumeurs répétées, l’armée vient ainsi de faire un communiqué pour assurer qu’elle n’allait pas attaquer le site où les manifestants sont rassemblés à Colombo.

<< Réunir la population avec sa classe politique. >>

La semaine qui a commencé pour le pays sera décisive. Il faudrait réconcilier le peuple avec sa classe politique et ce ne serait pas évident. Dimanche, les rencontres se sont multipliées entre partis politiques. Le scénario privilégié est celui d’une démission du Premier ministre, laissant le pouvoir au président du Parlement pour une période d’un mois pour former un gouvernement d’union nationale.

La difficulté est que, les députés du SLPP le parti de Rajapaksa, sont encore majoritaires au Parlement. L’opposition est en effet, hésitante à participer à cette coalition en l’état. Et parmi les manifestants, certains dénoncent d’avance un changement qui ne serait qu’un lavage de façade et exigent une réforme institutionnelle plus profonde.

Lundi, Gotabaya Rajapaksa a indiqué qu’il s'exprimera dorénavant seulement à travers le président de l’Assemblée nationale, Mahinda Yapa Abeywardena. Ce dernier s'est donc retrouvé au centre de la complexe feuille de route qui attend les différents partis d’opposition.

Mahinda Yapa Abeywardena, va devenir chef du gouvernement dans les faits. Il dispose de 30 jours pour tenter de former une coalition qui votera un nouveau Premier ministre et un président jusqu’au terme du mandat de Gotabaya Rajapaksa, en 2024. Une fois cet accord trouvé, l’ensemble du gouvernement a promis sa démission. Le gouverneur de la Banque centrale, crucial dans les négociations du pays avec le Fonds Monétaire International, devrait lui rester en place.

Tout le problème est de savoir combien de temps il faudra attendre la fumée blanche entre les parlementaires. Pour les manifestants, pas question d'arrêter d’occuper le terrain, notamment la promenade de Galle Face, au cœur de la capitale. La lutte ne finira qu’une fois la démission du président sera effective et le gouvernement de transition élu.

<< Un plan d'action en six points >>

Et Mélanie Gunathilake d'expliquer : « Une conférence de presse s'est tenue à l'intérieur de la résidence du président, au cours de laquelle les manifestants ont lu leur plan d'action et les prochaines étapes de leur lutte. Le plan d'action comporte six points. Le premier et le plus important, nous exigeons le départ du président Rajapaksa, du Premier ministre Ranil Wickremesinghe et de toute la classe politique. Nous demandons par la suite, la mise en place d'un gouvernement de transition qui mettra en place en cette période de crise économique, un dispositif de protection pour les familles les plus vulnérables. Nous demandons aussi par exemple, que les personnes qui ont contracté un micro-crédit puissent renégocier un calendrier de remboursement. Nous exigeons qu'au cours de cette année soit créée une nouvelle contribution comme le droit à la vie, que l'on reconnaisse ce droit fondamental. Il y a enfin une demande très forte pour l'abolition du pouvoir exécutif du président. »

Rosine MANGA