Politique

L’arrestation de Ghannouchi, patron des islamistes tunisiens: une régression démocratique

L’arrestation de Ghannouchi, patron des islamistes tunisiens: une régression démocratique

Nicolas Beau Nicolas

Le patron du mouvement tunisien islamo-conservateur Ennahda, Rached Ghannouchi, un des principaux opposants au président Kais Saïed et la figure la plus emblématique de la transition démocratique tunisienne de ces dix dernières années, a été arrêté lundi 17 avril. Cette décision que le chef de l'État tunisien a tardé à prendre malgré la lutte sourde qui opposait les deux hommes, enterre définitivement le printemps arabe né en 2011, marqué par la participation au pouvoir du mouvement Ennahdha de Ghannouchi et l’espoir d’un alliage des valeurs démocratiques et des valeurs islamistes. Vidé apparemment par la maladie et enfermé dans la solitude du Palais de Carthage avec un soutien sans conviction de l’armée tunisienne, une crise économique gravissime, un appareil sécuritaire, suele survivance de l’État, abandonné à lui même et à ses dérives et enfin les Algériens, les Iraniens et les Syriens comme seuls appuis internationaux, Kaïs Saîed s'est privé avec un Ghannouchi placé en détention et demain condamné de son meilleur ennemi, seul capable avec lepuissant syndicat de l’UGTT de canaliser la révolte populaire. L’arrestation du leader islamiste a provoqué un séisme sans précédent au sein d’une société tunisienne désemparée et fracturée. Sans passé politique ni projet pour des lendemains sombres, le président tunisien, en situation d’apesanteur, est plus que jamais sur un siège éjectable. Face au coup d’État du président tunisien voici environ deux ans, le mouvement islamiste Ennahdha, au coeur du pouvoir depuis le printemps arabe de 2011 en Tunisie, n’avait pas invité ses partisans à descendre dans la rue. Cette posture attentiste était dictée par les États-Unis.