Politique

Transition au Mali : Nouvelle proposition de la junte pour rendre le pouvoir aux civils

Transition au Mali : Nouvelle proposition de la junte pour rendre le pouvoir aux civils

Un nouveau calendrier pour le retour du pouvoir aux civils a été proposé à la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) par la junte au pouvoir au Mali, quelques heures avant l'ouverture d'un important sommet dimanche.

Les militaires au pouvoir au Mali ont informé la CEDEAO samedi 8 janvier qu'ils avaient envoyé une nouvelle proposition de calendrier pour le retour du pouvoir aux civils, a déclaré le ministre des affaires étrangères Abdoulaye Diop. Pourtant, la junte avait initialement demandé une marge de cinq ans pour garantir "un retour constitutionnel pacifique et sécurisé", selon le président de la junte, le colonel Assimi Goïta, une idée rejetée par la CEDEAO.
Selon la télévision nationale, les militaires au pouvoir à Bamako ont envoyé samedi à Accra le chef de la diplomatie et le porte-parole du gouvernement malien pour rencontrer le président en exercice de l'organisation sous-régionale, le chef de l'État ghanéen Nana Akufo-Addo, afin de lui soumettre une nouvelle proposition, dont la durée n'a pas été révélée. Le sommet extraordinaire qui s'ouvre ce dimanche à Accra est délicat et pourrait déboucher sur de nouvelles sanctions contre le Mali.
Arrivés à la tête du Mali après deux coups d'État successifs, en août 2020 et mai 2021, le colonel Assimi Goïta et l'ensemble de la junte sont sous la pression de la CEDEAO et de nombreux partenaires occidentaux pour le retour des civils au pouvoir. Les militaires au pouvoir au Mali ne semblent pas respecter leur clause d'organiser des élections législatives et présidentielles en février prochain en raison du climat d'insécurité dans le pays et des réformes de la constitution en cours pour garantir une élection crédible et transparente.

Sommet extraordinaire de la CEDEAO : une épée de Damoclès sur la tête du Mali ?

Le sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation au Mali qui se tient à Accra ce dimanche 9 janvier 2022, coïncide avec celui de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), et les huit pays membres de l'UEMOA sont également membres de la CEDEAO. Des sanctions économiques contre le Mali sont attendues.
Plusieurs personnalités maliennes ont déjà été sanctionnées par cette organisation sous-régionale, notamment par le gel de leurs avoirs financiers, et 150 autres reconnues comme des obstacles à la tenue des élections ont été interdites de voyage dans plusieurs pays étrangers. A l'issue de ces deux sommets, il est prévu que ces sanctions soient renforcées ou allégées.
La suspension du Mali de toutes les instances décisionnelles de la CEDEAO, imposée par l'institution en août 2020, reste en vigueur à ce jour. À ces sanctions s'ajoutent la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes, ainsi qu'un embargo sur les échanges financiers et commerciaux, à l'exception des produits de première nécessité. Les sanctions imposées au Mali, déjà affaibli par la crise sanitaire, ont encore compliqué la vie des Maliens. Après environ deux mois, ces sanctions ont été levées.
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré à la télévision nationale que le médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, avait demandé à la junte, lors d'une récente mission, de réévaluer la proposition d'une transition qui pourrait durer cinq ans à partir du 1er janvier 2022. C'est dans ce contexte que le président de la transition (le colonel Assimi Goïta), soucieux de maintenir le dialogue et la bonne coopération avec la CEDEAO, nous a envoyé auprès de son frère (le président ghanéen) avec une nouvelle proposition à soumettre à la CEDEAO", a-t-il déclaré. Espérons que cette action convaincra les dirigeants de l'organisation sous-régionale.
Jean Baptiste Bodo