Les langues des signes désignent les langues gestuelles, produites par les mouvements des mains, du visage et du corps dans son ensemble, que les personnes sourdes ont développé pour communiquer. En cette journée internationale dédiée aux langues des signes, nous nous sommes interrogés sur leur absence dans les télévisions camerounaises.
C'est depuis le congrès de Milan de 1880 que les méthodes orales ont été privilégiées dans l'éducation des enfants sourds, au détriment des langues visuelles. Dans les années 1960 le linguiste William Stokoe analyse la structure de la langue des signes américaine, faisant le constat qu'elle met en évidence les mêmes caractéristiques linguistiques structurelles que les langues parlées, une phonologie, une grammaire utilisant une syntaxe. En 1980, la Suède décide que l'éducation des sourds doit être bilingue. Des pays de plus en plus nombreux ont alors suivi cet exemple.
Dans le monde de la télévision aujourd'hui, de nombreuses chaînes ont fait le choix de proposer aux téléspectateurs sourds des journaux en langue des signes et des sous-titrages. Dans le giron francophone en Europe, l'on peut citer France2, France3, France5, la RTBF qui proposent des programmes allant dans ce sens. En Afrique, en Côte d'Ivoire, la RTI1 propose le journal en langue des signes depuis quelques années.
Au Cameroun, que ce soient les chaînes généralistes ou thématiques, publiques ou privées, aucune ne propose de programme d'information dédiée aux sourds et malentendants. On dénombre pourtant dans le pays, plus de 30 000 personnes sourdes et 300 000 autres présentant des troubles auditifs, selon une publication en septembre 2020 de l'organisation camerounaise pour le développement des sourds (OCDS). Selon cette même organisation, le Cameroun compte seulement 10 interprètes. Ceci explique sans doute pourquoi malgré cette niche, aucune entreprise de télévision ne s'est lancée dans la production de ce type de programmes.
Par ailleurs, on peut aussi faire le constat que lors des prises de paroles des autorités comme le président de la République, les ministres, les gouverneurs et autres directeurs généraux pour ne citer que ceux là, ils sont rares ou quasi inexistants, les cas où l'on a associé un traducteur en langue des signes à la communication afin de toucher aussi cette couche de la population. Le langage des signes est donc le mal aimé de la communication au Cameroun.
Loris-Clet ADIANG