Le 23 octobre, les civils évacués de la ville de Kherson sous annexion russe marchaient d'un ferry pour monter à bord d'un bus en direction de la Crimée, dans la ville d'Oleshky. De ce fait, il convient de noter que l'atmosphère est extrêmement tendue aux entourages des régions envahies de Zaporijjia et de Kherson.
Plus précisément à Kherson, les dirigeants pro-russes exhortent depuis la semaine passée aux civils de quitter sur la rive gauche du Dniepr.
Hebdomadairement, le ton prend moyennement le tonus plus que la veille et tous les jours, les nuages s’assombrissent un peu plus. Le récent danger d’embuscade en date : les condamnations de Moscou concernant la préparation d'une bombe sale par Kiev.
Bien avant, chaque côté inculpait l’autre de vouloir faire exploser le barrage en amont de Kherson sur le Dniepr, une destruction qui aurait particulièrement pour effet de ne plus alimenter le lac de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus gigantesque d’Europe, et de noyer sous les eaux Kherson et les villages alentours.
Avec une patrouille en moyenne tous les 15 kilomètres, avec parfois des herses mobiles, le filet pour contrôler qu’aucun civil n’entre dans la région de Kherson pendant que la période d'évacuation est notamment serrée. Dans la capitale de la région, à l’entrée du pont Antonovsky habituellement ciblé par des tirs, une batterie anti-missile est très visible. Les bateaux de civils qui font la navette sur le fleuve sont eux en revanche relativement épargnés par les bombardements. Les bâtiments et habitations de Kherson également.
Plus pour longtemps ? Évidemment, c'est qu'a peur ce originaire de la ville, assis sur le banc en bois d’un bateau prêt pour commencer sa navette de 50 minutes entre deux ports fluviaux. « Kherson n’est pas une ville facile pour quelqu’un en position défensive, mais elle ne peut pas être rendue pour des raisons de prestige. Donc, ils se battront pour ça, et sûrement très cruellement. En plus, elle est stratégiquement très importante pour contrôler ce delta du Dniepr », a-t-il précisé.
Kherson, nouveau conformité cet hiver, ou sûrement bientôt plongé sous les eaux ? Il est bien le seul sur ce bateau à admettre l’envisager sérieusement. Quant à une habitante, sourire en coin : « On nous a dit qu'il y avait une sorte de danger, mais je ne me souviens plus, j’ai effacé le SMS », dit-elle. Quelques rires moqueurs fusent. À quelques mètres des soldats, plusieurs visibles, bien armés et cagoulés, advance-t-elle.
Ils surveille, loi martiale obligée, disent-ils, minutieusement les identités des candidats au passage du fleuve.
Des moyens pour les évacuations
En face, au bord de la rive sud du Dniepr, sur une pelouse encore verdoyante malgré l’automne, un personnel russe nombreux en uniforme attend ceux qui ont choisi de traverser et d’évacuer. Tous sont chapeautés par Dimitri Ershova. « À partir de 8h du matin, les premiers bateaux à moteur arrivent ici de la rive droite. Le bus arrive à la même heure. Tout est synchronisé pour que les gens attendent un minimum. Ils montent dans les bus organisés en colonne. Comme ça, si un incident se produit, cela permet de minimiser les conséquences" déclare-t-il.
Minibus, personnel médical, aide pour porter les bagages, responsable de coordination…. La Russie a mis les moyens places pour accueillir ceux qui sont d’accord pour évacuer.
Ils sont encore nombreux pourtant à vouloir encore rester dans la ville où ils ont tout : leurs maisons, leurs souvenirs, leurs habitudes. Même si avec l’aggravation de la situation sécuritaire, la fourniture en alimentation se fait rare. « Il n’y a plus rien dans les supermarchés, les étagères sont vides. Vous voulez du saucisson, de la viande, vous faire un vrai repas ? ce n’est même pas la peine d’essayer, il n’y a rien, 0 », a expliquue un retraité. Debout le long du port comme une dizaine d’autres habitants, sans un regard pour la navette qui emporte les évacués, il sort sa canne à pêche et lance sa ligne dans le fleuve. Peut-être pêchera-t-il du poisson pour se nourrir.
Toutefois, il faut noter que l'exécutif prorusse de la région de Kherson a expliqué qu'« au 24 octobre, 22 367 habitants ont été emmenés sur la rive gauche du Dnipro ». Elle a dit « prévoir » le départ d' « environ 50 000 personnes » de cette zone au total « dans un avenir proche ».
Rosine MANGA