Ce mardi 04 octobre, une carte du ministère de la Défense russe a fait état, pendant le briefing quotidien, d'un fait dont aucune parole officielle, y compris celle de l’armée. Le sujet a commencé à être craintivement effleuré dans les médias, de manière plus tranchante sur les réseaux sociaux.
Les troupes russes ont confirmé l'ampleur du recul russe depuis le 11 septembre et la diffusion d'images de cartes militaires dans son briefing quotidien. Ce mardi 04 octobre, le rapport du ministère de la Défense a débuté bien encore une fois par la formule : « rapport sur les progrès de l'opération spéciale », suivie particulièrement par une liste de statistiques sur des avions abattus et des dépôts de munitions détruits. Cependant cette fois, la carte montrée, présentait d'importants reculs sur le terrain.
Aucun propos sur le sujet en reprise du porte-parole de l’armée, mais plutôt un changement dans le climat : tant dis que le week-end passé, lorsque l'armée ukrainienne reprenait Lyman, c'était le calme qui dominait à la télévision d'État russe, mardi, dans une émission très écoutée sur Rossiya 1, on pouvait écouter la présentatrice demander à un responsable militaire séparatiste de Louhansk : « Pourquoi avançons-nous mètre par mètre quand ils avancent village par village ? ».
L'avantage n'est pas dans la réponse, attendue (« parce que ce n'est pas l'Ukraine que nous combattons mais l'Otan »), mais dans le fait que la question soit posée et qu’elle le soit à une heure de grande écoute. « Il n'y aura pas de bonnes nouvelles dans un futur proche ».
Sur les plateformes digitales, la parole est encore plus impérieuse. Après la tempête de critiques très directes des nationalistes contre les autorités de l'armée le week-end récent, cette fois les correspondants militaires des médias pro-Kremlin parlent de manière claire sur leurs chaînes
Telegram très regardés.
Huit cent mille internautes pour ce réseau social très célèbre du petit écran qui écrivait mardi : « Situation difficile dans le Nord, reproche dans le Sud ».
Plus de 600 000 pour le correspondant militaire du très légitimiste Komsomolskaïa Pravda, qui dans un long post précisait mardi : « Certains ici m'accusent de conduire les gens à la dépression avec ce que j'écris. Apparemment les gens ont besoin d'entendre quelque chose de positif. Mais ce n'est pas le moment pour ça. Il n'y aura pas de bonnes nouvelles dans un futur proche. Ni du front de Kherson, ni du front de Louhansk. » Et un peu plus loin : « Nous n'avons plus assez de force pour tenir tous ces territoires. Pourquoi ? Parce que nous manquons d'hommes. »
Question militaire, question politique également.
Son image et ses rapports avec l'Occident n'est plus une préoccupation pour le président russe Vladimir Poutine. Toutefois, pour le régime, envers la population, le responsable ne peut pas apparaître comme un perdant.
Rosine MANGA