Beaucoup d'universités très sélectives avaient introduit des critères raciaux et ethniques dans leur procédure d’admission à la fin des années 1960 pour corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des États-Unis et augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques ou amérindiens dans leurs effectifs. Ces politiques, dites de "discrimination positive", ont toujours été très critiquées dans les milieux conservateurs qui les jugent opaques et y voient du "racisme inversé". Saisie à plusieurs reprises depuis 1978, la Cour suprême avait interdit les quotas, mais avait toujours autorisé les universités à prendre en compte, parmi d’autres, les critères raciaux. Jusqu’ici, elle jugeait "légitime" la recherche d’une plus grande diversité sur les campus. Jeudi dont, les magistrates progressistes se sont vivement émues de cette volte-face. La Cour "revient sur des décennies de jurisprudence et d’immense progrès", a écrit, en leur nom, la juge Sonia Sotomayor. Elle "cimente une règle artificielle d’indifférence à la couleur de peau comme principe constitutionnel dans une société profondément ségréguée, où la question raciale a toujours eu de l’importance et continuera d’en avoir", assène-t-elle encore. Toutefois, le président américain Joe Biden s'est dit en "fort désaccord" avec la décision de la Cour suprême, et a appelé les établissements universitaires à ne pas "abandonner" leur engagement envers la diversité. Sans surprise, le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a de son côté salué la décision de la Cour suprême, estimant qu'elle allait rétablir l'"égalité" entre étudiants. "C'est un grand jour pour l'Amérique", a écrit l'ex-président américain Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. "C'est la décision que tout le monde attendait et espérait et le résultat est incroyable (...). Nous revenons à (un système) entièrement basé sur le mérite et c'est comme ça que ça devrait être!", a-t-il ajouté. Cet arrêt trouve sa source dans une plainte déposée en 2014 contre les plus vieilles universités privée et publique des États-Unis, Harvard et celle de Caroline du Nord.
États-Unis : pourquoi la discrimination positive est accusée de pénaliser les minorités
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