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La plainte de Judith Godrèche ou la revanche des femmes malaimées.

La plainte de Judith Godrèche ou la revanche des femmes malaimées.

Nous apprenons que la grande actrice, tombée dans l’oubli, malgré son dernier film sur ARTE, a porté plainte contre son ancien amant, le producteur Benoit Jacquot. La plainte qui survient presque 40 ans après est blâmée par certains, encouragée par d’autres. A-t-elle le droit et pourquoi accuse-t-on l’actrice, d’opportunisme, d’être une mauvaise joueuse ?

Une relation acceptée et connue de tous

L'actrice aurait déposé plainte ce mardi 6 février pour viols et abus sur mineure de 15 ans par personne disposant de l’autorité. Jusque là rien d’anormal ; puisque l’acteur avait reconnu cette liaison, quelque peu atypique entre un homme de 40 ans et une jeune fille, de 15 ans à l’époque.

Cette affaire qui apparait dans un contexte ou les féministes de « Me too » ont hérissé le débat des haies de la vertu et de l’égalitarisme, peu toutefois déranger plus d’un. D’abord parce que cette liaison qui n’avait rien de clandestine, était acceptée ou avalisée par les parents de Judith Godrèche. Ensuite, il nous revient que cette relation ne pouvait pas être regardée comme atypique à l’époque, puis que dans les années 80, le consensus sociétal acceptait ces unions que la loi pourrait dénoncée aujourd’hui.

Les folichonneries des milieux de l’art

Une autre spécificité de cette affaire est qu’elle oppose deux artistes. Je ne veux pas avaliser les violences et les tourments qu’un artiste ferait subir gratuitement à son partenaire, juste parce qu’ils évolueraient tous les deux dans les cénacles culturels. Cela ne peut être un argument défendable. Cependant, il reste que les lois sont faites pour régir des hommes et des vies. La vie des gens du 7e art reste pour le moins atypique, voire « fantasmagorique », osée et donc ouverte à toutes sortes d’expérimentations ou de loufoqueries ; que le commun des humains ne saurait admettre. La nudité facile, les toucher, les excès et griseries en tous genres, ponctuent volontairement les usages d’un milieu ou le faire semblant et le paraître se côtoient aisément. Ceci explique aussi pourquoi, dans ce landernau du plaisir et du paraitre, cette relation n’aurait gêné qui que ce soit. Ceci d’autant plus que les 2 tourtereaux semblaient filer le parfait amour au point de se projeter dans le futur en s’achetant une maison. (Pour fonder une famille ? )

Tout cela est juste, mais Judith Godrèche a ses rasions, que nous aimerions entendre. Nous sommes là pour la libre expression des idées et la contradiction.

Porter plainte sur des faits prescrits, pourquoi faire ?

Telle est la question qui nous taraude. En attendant, Mme Godrèche, nous avons posé cette question, à 3 femmes et 1 homme, autour de nous. Leurs réponses peuvent nous instruire un peu plus sur la mentalité féminine. Et le ressentir des hommes.

Amélie 29 ans, responsable de magasin à Paris 18e.

« Moi je la comprends. A 15 ans, on est à la recherche d’une identité et d’une relation qui vous valorise. Ce monsieur était un peu son « papa » , mais comme toujours , les hommes ne peuvent pas se contenter d’être un « bon ami » ! Ils aiment aller au delà ; c’est ce qu’elle regrette aujourd’hui et elle voudrait le faire savoir. Moi aussi j’ai eu une expérience pareille ; mais je ne porterais pas plainte contre mon amant de l’époque ! »

Gordana , 20 ans étudiante à Saint Denis

« Si je sors avec un homme plus mature, c’est que je veux le faire ! C’est souvent pour les jeunes filles une occasion de connaitre des choses différentes. Puis un homme plus âgé ça rassure les jeunes filles ; elles se sentent réellement valorisées. Moi je crois que Judith n’était pas contente du mec. Alors aujourd’hui, elle lui fait un peu du « revenge porn » ! . Tout le monde va savoir qui il est ! (rire) il va faire moins le malin maintenant »

Samira, 34 ans postière, à Nanterre

« Je ne la comprends pas trop. C’est une relation entre deux partenaires ; elle savait ce qu’elle faisait. Si nous sommes précoces , nous devons accepter les conséquences d’une relation. Elle aurait pu s’enfuir ou dénoncer cette relation depuis bien longtemps. Le faire plus de 40 ans après, est nul. Il faut qu’elle assume son passé ; cela fait partie d’elle, de sa vie de femme et de sa carrière. C’est trop facile de vouloir tout rejeter sur les hommes. Nous, les femmes ne sommes pas des anges ! »

Demain, nous vous ferons entendre le point de vue des hommes.

Nous appelons que le parquet s’est saisi de cette plainte , contre Benoit Jacquot , pour : « des infractions de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité, l'ensemble des faits dénoncés ayant eu lieu entre 1986 et 1992»

Laissons la justice suivre son cours. Attendons de voir.