Après moultes tractations diplomatiques publiques ou privées, le 24 février 2022 au petit matin, l'armée russe est entrée en Ukraine pour comme l'a souligné le président Vladimir Poutine dans son allocution expliquant ses décisions, débarrasser le pays des nazis entre autres. L'ont sait très bien qu'il s'agit là du nième épisode d'une guerre froide que l'on croyait révolue depuis la fin des années 80. Cette escalade de la violence a donné lieu partout dans le monde à d'autres escalades cette fois-ci de joutes verbales et idéologiques laissant apparaître aux yeux du monde, un visage qu'on ne connaissait pas des grandes démocraties.
A la suite de l'entrée en guerre de la Russie face à l'Ukraine, ne pouvant pas lui répondre par les armes au risque de déclencher la troisième guerre mondiale que beaucoup imaginent nucléaire, les puissances occidentales regroupées sous la bannière de l'OTAN, après les condamnations d'usage, ont entrepris de décider de sanctions contre la Russie. Quand on parle de sanctions dans la diplomatie, il faut préciser qu'elles sont généralement économiques. Embargo sur le pays concerné, interdiction ou boycott de produits issus de ce pays, qu'ils soient de la matière première ou des produits finis. Le 27 février 2022, à peine quelques jours après le début de l'offensive russe, dans une action commune, l'Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada ont annoncé empêcher l'utilisation par la Banque centrale de la Fédération de Russie de ses avoirs à l'étranger. Plus tard, d'autres sanctions ont suivi, sanctions visant à asphyxier économiquement la Russie, toutes choses qui pour le coup étaient normales.
Le même jour, l'Union Européenne a pris la décision d'interdire les médias russes RT et Sputnik dans l'Union car ils sont accusés de propager les "mensonges" du Kremlin. Quelques jours auparavant, le régulateur allemand avait déjà décidé d'interdire la diffusion de Russia Today (RT) en Allemagne. A ces sanctions, se sont ajoutées celles individuelles, à ceux qu'on a alors appelé les oligarques russes, réputés proches du président russe Vladimir Poutine. Comme si cela ne suffisait pas, des sportifs russes se sont vus interdire de compétition, le 03 mars, alors que les jeux paralympiques allaient débuter à Pékin, les athlètes russes et biélorusses se sont vu exclure de la compétition.
Dans la foulée, la FIFA avait décidé aussi d'exclure la Russie de la coupe du monde 2022 qui se jouera au Qatar et le club de football anglais, récent vainqueur de la ligue des champions vit des heures sombres, depuis que son propriétaire russe Roman Abramovitch a été poussé vers la sortie. Sans oublier les autres sanctions sur le plan culturel.
Au regard de tous ces faits on en est venu à se demander si les grandes puissances démocratiques le sont vraiment. A l'heure qu'il est, en Occident, le seul son de cloche acceptable est celui des anti-russes. Pour peu que vous marquiez une moindre interrogation, ou que vous soyiez soupçonné de collusion avec la Russie, vous êtes traités en parias. l'Assemblée générale de l'ONU du 02 mars 2022, marquée par un vote de sanctions contre la Russie a vu une abstention des pays africains. Une attitude remarquée, reprochée et abondamment commentée dans les médias occidentaux.
Ces faits prouvent plusieurs choses, la liberté d'expression vendue par l'Occident n'est qu'un leurre, la démocratie occidentale est en fait un corps à deux têtes qui peuvent se chamailler mais gardent les mêmes objectifs, celles de la préservation des intérêts des occidentaux et quand ces intérêts sont menacés, les fameux sacro-saints principes de la démocratie, de la non ingérence sont foulés aux pieds.
Depuis l'écroulement du bloc soviétique, les puissances occidentales sont lancées dans un monologue dans lequel elles ont défini ce qui est bien et ce qui est mal. L'opinion publique a été formatée au point d'intégrer que l'Occident ce sont les gentils et ceux qui contestent ou s'opposent à leur suprématie sont les méchants, plongeant ces pays dans une léthargie illusoire de démocratie dont le réveil est brutal aujourd'hui. Avec le début de la guerre en Ukraine, des phrases prononcées dans les médias occidentaux telles que "C'est très grave parce que la guerre cette fois est en Europe", ont choqué de nombreuses populations notamment africaines, poussant celles-ci à faire comprendre aux occidentaux que c'est la loi du plus fort et non une adhésion à leur idéologie qui rangeait les africains à leurs côtés, les cartes seront désormais rabattues si à l'issue de cette guerre deux ou plusieurs pôles idéologiques survivaient, pour la simple raison que africains et occidentaux n'ont jamais partagé les mêmes intérêts.
Loris-Clet ADIANG