Samedi 26 mars alors qu'il était en visite à Varsovie en Pologne, lors d'un discours, le président américain Joe Biden avec ces termes exacts: "Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir", a appelé à un changement de régime à la tête de la Russie. Même si dans la foulée cette déclaration a connu un rétropédalage de la part de la maison Blanche, il s'agit là de la nième escalade verbale du président américain depuis le début du conflit qui oppose la Russie et l'Ukraine, depuis le 24 février 2022.
Alors que la tension montait entre la Russie et l'Ukraine, le 19 janvier dernier, le président américain avait déclaré: "Si la Russie envahit l’Ukraine, elle aura à rendre des comptes", une position va-t-en guerre qui avait créé des émois au sein de la classe politique américaine et européenne. Alors que le président français Emmanuel Macron multipliait les actes diplomatiques, son homologue américain s'était déjà inscrit dans une logique de guerre. En première page de son édition du 3 février, le New York Time s’interrogeait : "La stratégie de Biden contre Poutine fonctionne-t-elle, où est-elle en train de pousser la Russie à la guerre ?" Dans cet article éclairant à plus d’un titre, le prestigieux journal chantait les louanges du Département d’État pour sa guerre de communication innovante. En déclassifiant et rendant publiques les allégations issues du renseignement américain et britannique, l’administration Biden aurait anticipé et exposé au grand jour les projets de Poutine dans l’espoir de le dissuader d’agir. D’où la rhétorique alarmiste sur l’étendue des forces en présence à la frontière ukrainienne et les intentions belliqueuses de la Russie. Bien entendu, comme le notait discrètement le Times, aucun élément tangible n’a été rendu public pour étayer ces allégations. À cette guerre de communication se sont ajoutées des menaces et manœuvres plus ou moins symboliques, comme les livraisons d’armes à Kiev et le rapatriement des familles de diplomates américains présents en Ukraine, toujours dans le but apparent de couper l’herbe sous le pied de Poutine. De là à comparer cette approche à un dangereux poker menteur, il n’y a qu’un pas que le Times a franchi. La suite à donné raison au Times, cette communication offensive n'a pas dissuadé la Russie de mener ses opérations en Ukraine.
Dans certains milieux diplomatiques, l'on s'étonne depuis de cette méthode américaine et précisément que rien n'ait été fait avant le début de cette crise pour privilégier le dialogue et pire encore, depuis que la guerre est installée pour créer un cadre de négociations. Les États-Unis se font entendre uniquement quand il s'agit de fournir des armes à l'Ukraine ou encore de sanctionner la Russie.
L'escalade verbale tient aussi une place importante dans la stratégie américaine. Alors que la guerre avait débuté depuis environ 3 semaines, le 16 mars 2022, en marge d'une réunion, répondant à une journaliste, Joe Biden avait déclaré que Vladimir Poutine était un criminel de guerre. Propos tout de suite minimisés par la maison Blanche et jugés "inacceptables et impardonnables" par le Kremlin. Mais Joe Biden ne s'est pas arrêté en si bon chemin alors qu'il était en tournée en Europe la semaine dernière, vendredi 25 mars, le président américain n'a pas manqué de traiter le président russe de "boucher", de "criminel de guerre" et appelé à ce qu'il parte de la présidence de la Russie.
Parallèlement, depuis le début du conflit, des négociations se poursuivent entre les deux pays et ces derniers jours, le président ukrainien qui s'était montré jusqu'ici intransigeant a accepté le principe d'une discussion sur la neutralité de l'Ukraine. Depuis que ces négociations ont débuté, les États-Unis ne les ont ni évoquées, encore moins encouragées dans leurs différentes prises de parole publique. Ce qui peut laisser croire que le pays de Joe Biden est du côté des pyromanes dans ce conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine, qui a déjà causé beaucoup de morts ukrainiens et des désagréments sur le plan économique tant en Russie qu'en Europe et qui il faut le dire, peut dégénérer en conflit nucléaire.
Loris-Clet ADIANG