L'Occident à l'épreuve de ses contradictions
L'homme occidental se vante de nombreuses qualités, mais ses relations avec les peuples non occidentaux sont entachées de défauts et de réflexes presque conditionnés. Son raisonnement est émaillé de distorsions et de contorsions paradoxales. D'un côté, il brandit les étendards de la démocratie, du progrès et des droits humains. Mais de l'autre, il n'hésite pas à soutenir des autocraties quand cela sert ses intérêts géostratégiques, comme les régimes soutenus par les États-Unis au Moyen-Orient dans les années 1960-1980. Chez lui, il tolère le racisme et le rejet de la différence, qu'il combat pourtant chez les autres. Chantre de la culture locale, il n'en cherche pas moins à détruire celles des autres peuples pour leur imposer la sienne, défauts compris.
Cette dualité de l'Occident, entre affirmations de principes universels et reniements au gré de ses intérêts, interpelle les peuples non occidentaux.
L'altérité à l'épreuve de l'universel
En Asie, Afrique et Océanie, des peuples qui n'ont pas toujours connu une destinée heureuse dans leurs contacts avec l'Occident, contemplent avec perplexité ces paradoxes de l'homme occidental. Les traumatismes de la colonisation, entre autres, les ont marqués durablement. Qui est donc véritablement cet homme occidental ? Quelle est son identité profonde derrière ces masques contradictoires ? Comment appréhender cette altérité complexe dans nos relations quotidiennes, sans tomber dans le rejet aveugle mais aussi sans se laisser aveugler par ses discours ?
La question se pose avec acuité tant les prétentions universalistes de l'Occident entrent en contradiction avec ses pratiques particularistes.
Vers un universalisme négocié
Face à ces paradoxes, il est grand temps d'ouvrir un véritable dialogue entre les peuples et les civilisations. De construire, dans l'humilité et le respect mutuel des différences, des ponts solides permettant de se retrouver, de se comprendre et d'éviter les incompréhensions destructrices. L'Occident doit reconnaître ses contradictions historiques, ses échecs comme l'occupation de l'Irak. Les peuples non occidentaux doivent aussi faire preuve d'ouverture pour ne pas verser dans un rejet systématique. Seul un esprit de compréhension mutuelle permettra d'édifier une paix durable. Mais surtout, ce dialogue ne peut rester l'apanage des militaires et des rapports de force. Aucune paix digne de ce nom ne saurait résulter de la seule confrontation des armes et des menaces. La véritable concorde se construit avec les mots, les sourires, la raison.
Il faut donc désarmer les cœurs du culte de la puissance, pour remettre le sceptre de la négociation aux philosophes et aux penseurs, ces artisans des compromis par le verbe et non l'intimidation. C'est à ce prix que pourra émerger un universalisme véritablement négocié entre toutes les composantes de l'humanité, sans hégémonie aveugle d'une civilisation sur les autres.
Christian Sabba Wilson pour Omondo