La guerre entre Israël et le Hamas à Gaza place l'Égypte dans une position délicate, à la fois médiateur incontournable et acteur directement concerné par les conséquences du conflit. Le président Abdel Fattah al-Sissi doit naviguer entre des intérêts contradictoires, cherchant à préserver la stabilité régionale tout en répondant aux attentes de sa population.
Une coopération ambiguë avec Israël
Malgré les accords de paix de Camp David signés en 1979, les relations entre l'Égypte et Israël restent complexes. La coopération sécuritaire s'est renforcée ces dernières années, notamment dans la lutte contre les groupes djihadistes dans le Sinaï. Cependant, l'offensive israélienne à Gaza met cette collaboration à rude épreuve. L'Égypte s'oppose fermement à toute opération militaire israélienne à Rafah, considérée comme une ligne rouge. Le Caire craint qu'une telle action ne provoque un afflux massif de réfugiés palestiniens vers son territoire, déstabilisant la région du Sinaï.
L'embarras du régime égyptien
Le président al-Sissi se trouve dans une position inconfortable :
- Il doit maintenir de bonnes relations avec Israël et les États-Unis, partenaires stratégiques et économiques cruciaux.
- Il ne peut ignorer le soutien de l'opinion publique égyptienne à la cause palestinienne.
- Il redoute l'arrivée de combattants islamistes qui pourraient renforcer les groupes djihadistes déjà présents dans le Sinaï.
Face à ces défis, l'Égypte a pris des mesures concrètes pour sécuriser sa frontière avec Gaza, notamment en renforçant les infrastructures existantes et en déployant des forces militaires supplémentaires.
Le rôle clé des États-Unis
Washington joue un rôle central dans les négociations, cherchant à maintenir l'équilibre régional tout en soutenant Israël. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken multiplie les visites au Caire pour tenter de trouver une issue diplomatique au conflit. Les États-Unis exercent une pression sur l'Égypte pour qu'elle facilite l'acheminement de l'aide humanitaire vers Gaza, tout en comprenant les préoccupations sécuritaires du régime égyptien.
Les autres pays arabes face à Israël
La guerre à Gaza a mis en lumière les divisions au sein du monde arabe. Certains pays, comme les Émirats arabes unis et le Bahreïn, ont normalisé leurs relations avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham. D'autres, comme l'Arabie saoudite, envisageaient une telle normalisation avant le conflit. Cependant, l'offensive israélienne à Gaza a ravivé les tensions et compliqué les efforts de rapprochement. Les pays arabes sont partagés entre la volonté de préserver leurs intérêts stratégiques et la nécessité de répondre aux attentes de leurs populations, largement favorables à la cause palestinienne. Dans ce contexte, l'Égypte tente de jouer un rôle de médiateur et de leader régional, tout en préservant ses propres intérêts nationaux. Le défi pour le Caire est de trouver un équilibre entre ces différentes contraintes, tout en évitant une escalade du conflit qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la stabilité de toute la région.