L'Ukraine, ancienne terre d'accueil pour les étudiants africains
Avant le conflit, l'Ukraine s'était imposée comme une destination de choix pour de nombreux étudiants africains et étrangers. Le pays attirait environ 76 000 étudiants internationaux, dont près de 16 000 venus d'Afrique. Cette popularité s'expliquait notamment par :
- Des formations de qualité, particulièrement en médecine
- Des frais de scolarité et un coût de la vie relativement abordables
- Une porte d'entrée potentielle vers l'Europe occidentale
L'Ukraine offrait ainsi une alternative intéressante pour les jeunes africains cherchant à poursuivre des études supérieures à l'étranger, à un coût moindre que dans d'autres pays européens ou nord-américains. Cependant, l'invasion russe du 24 février 2022 a brutalement mis fin à cette situation, transformant radicalement la vie de ces étudiants et remettant en question leur avenir académique et professionnel.
Une intégration difficile dans les universités européennes
Les étudiants africains ayant fui l'Ukraine se sont heurtés à de nombreux obstacles pour poursuivre leurs études en Europe. Contrairement aux réfugiés ukrainiens, ils n'ont pas bénéficié automatiquement de la protection temporaire accordée par l'Union européenne, ce qui a compliqué leur situation administrative et financière.
Beaucoup d'entre eux ont rencontré des difficultés pour s'inscrire dans les universités européennes. Par exemple, Manafatima Compaoré, une étudiante comorienne, a essuyé plusieurs refus d'inscription en France, malgré sa maîtrise de la langue. Les universités invoquent souvent une "capacité d'accueil atteinte" pour justifier ces refus.
Cette situation a suscité de vives critiques de la part d'organisations de défense des droits humains. Isaac Awodola, qui dirige le groupe Derdelanders, souligne que "l'aide humanitaire devrait être une question de compassion, d'empathie et de compréhension du fait qu'il s'agit d'êtres humains, quelle que soit leur origine".
Le désarroi est palpable parmi ces étudiants qui se retrouvent dans une situation précaire, contraints soit d'abandonner leurs études, soit de chercher du travail dans leur pays d'origine. Certains, comme Inza Touré, un étudiant ivoirien, craignent même de se retrouver en situation irrégulière une fois leur titre de séjour temporaire expiré. Cette situation met en lumière les inégalités de traitement entre les réfugiés ukrainiens et les étudiants étrangers fuyant le même conflit, soulevant des questions sur les politiques d'accueil et d'intégration en Europe.