Ouagadougou, 19 janvier 2023 - C'est la fin d'une époque au Burkina Faso. Le gouvernement de transition a dénoncé mercredi l'accord qui régissait la présence des forces militaires françaises sur son sol, demandant leur départ dans un délai d'un mois. Une décision lourde de sens qui met fin à près de 60 ans de coopération militaire entre les deux pays. La France disposait jusqu'à présent d'un contingent d'environ 400 soldats au Burkina Faso dans le cadre de l'opération Sabre, visant à lutter contre les groupes djihadistes armés qui sèment la terreur dans cette région du Sahel. Ces forces étaient basées à Ouagadougou et à Kamboinsin, près de la frontière malienne.
Une demande sur fond de défiance
Mais la présence française suscitait une défiance grandissante au sein d'une partie de l'opinion publique burkinabè. Ces derniers mois, des manifestations hostiles aux soldats français se sont multipliées, sur fond d'exaspération face à l'incapacité à enrayer la sanglante insurrection djihadiste qui frappe le pays depuis 2015.Le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouedraogo, a justifié cette demande de départ en accusant la France d'avoir mené une "attaque de désinformation" visant à "semer la division" au sein des forces armées nationales. Une charge sévère à l'encontre de l'ancien pays colonisateur.
Regrets français et maintien d'une coopération
Du côté français, on affiche des "regrets" face à cette décision, tout en assurant vouloir maintenir la coopération avec le Burkina Faso. "Nous poursuivrons nos efforts pour la sécurité au Sahel, notamment au Burkina Faso, en soutien aux forces locales", a déclaré le porte-parole du ministère des Armées. Paris a d'ores et déjà commencé à préparer le départ de ses troupes dans le délai d'un mois imparti par Ouagadougou. Si les soldats français quittent le Burkina, la lutte contre les groupes djihadistes se poursuivra néanmoins, notamment via les forces spéciales françaises déployées ailleurs au Sahel.
Cette rupture marque une nouvelle étape dans le rééquilibrage en cours de la présence militaire française en Afrique de l'Ouest, poussée par la défiance croissante d'une partie des opinions publiques locales. Une page se tourne, mais les enjeux sécuritaires dans cette région restent plus que jamais au cœur des préoccupations.