Face au lourd tribut payé par les Français au tabagisme, un rapport sénatorial préconise d'accentuer la pression fiscale sur les produits du tabac. Une mesure visant à la fois à réduire la consommation pour des raisons de santé publique, mais aussi à dégager des ressources financières pour l'État.
Un fléau sanitaire de premier plan
Les chiffres sont alarmants : 70 000 décès prématurés par an en France sont imputables au tabac, entraînant une perte moyenne de 14 années d'espérance de vie. Au-delà du drame humain, ce fléau représente également un coût économique et financier considérable pour la collectivité, en termes de soins et de traitements pris en charge par la Sécurité sociale.
La fiscalité comme levier de dissuasion
Si le rapport de la commission des affaires sociales du Sénat insiste sur le rôle primordial de la prévention, il recommande également d'actionner le levier fiscal. Concrètement, il est proposé d'augmenter le prix des produits du tabac de 5% par an jusqu'en 2040, soit 3,25% hors inflation. Cette hausse progressive porterait le prix du paquet de cigarettes d'environ 12 euros actuellement à 25 euros en 2040, soit 20 euros en euros constants de 2024.
S'aligner sur les prix pratiqués à l'étranger
Le rapport souligne que certains pays ont déjà franchi ce cap symbolique des 20 euros, comme la Nouvelle-Zélande où le prix atteint même 25 euros le paquet. Une politique fiscale volontariste qui semble porter ses fruits puisque la prévalence du tabagisme y est nettement inférieure à la moyenne française.
Un débat sur l'efficacité et les motivations
Si cette mesure vise officiellement à réduire la consommation de tabac pour des raisons de santé publique, certaines voix s'interrogent sur les réelles motivations de l'État. Pour certains, il s'agirait surtout d'une nouvelle source de revenus pour les finances publiques, plutôt qu'une réelle volonté de préserver la santé des Français. D'autres remettent en cause l'efficacité d'une telle hausse des prix pour dissuader durablement les fumeurs, appelant à renforcer en priorité les politiques de prévention et d'accompagnement. Ce débat sur la fiscalité comportementale appliquée au tabac soulève des questions de fond : jusqu'où l'État peut-il aller dans cette logique ségrégationniste envers les fumeurs ? La préservation de la santé publique justifie-t-elle de telles mesures potentiellement liberticides ? Un délicat équilibre à trouver entre impératifs sanitaires, éthiques et budgétaires.