« Dieu, le Congo et lui ». Rien ne va plus pour le magnat des mines : il est toujours sous sanctions, Kabila a quitté le pouvoir, l’administration Biden ne l’apprécie guère… Mais depuis février 2022, il a conclu un accord avec le gouvernement congolais. Parviendra-t-il à rebondir ? Dernier épisode de notre série. Le 21 décembre 2017, la nuit tombe sur Tel-Aviv, et Dan Gertler est injoignable. À l’extérieur de la synagogue qu’il a l’habitude de fréquenter, caméras et journalistes attendent patiemment de l’apercevoir. Le magnat l’ignore encore, mais le couperet est tombé. Dix-neuf de ses sociétés et son bras droit, Pieter Deboutte, qui gère ses affaires au Congo, viennent d’être inclus dans une première salve de sanctions dont il est la principale cible. Le Trésor américain l’accuse d’avoir « utilisé ses liens d’amitié avec Joseph Kabila pour servir d’intermédiaire dans la vente d’actifs miniers en RDC, obligeant certaines multinationales à passer par lui ». « Dan [Gertler] n’a pas compris ce qu’il se passait et n’a pas mesuré l’impact que ces sanctions pouvaient avoir », assure un de ses associés.
Ces mesures restrictives vont pourtant bien au-delà d’un simple gel d’avoirs. Elles interdisent aux personnes physiques ou morales américaines d’effectuer des transactions avec les personnalités ciblées. Concrètement, Gertler se retrouve mis au ban du système bancaire américain, interdit de faire des opérations en dollars, la devise reine à Kinshasa. « Ces sanctions fonctionnent un peu comme une bombe à fragmentation », schématise un cadre du secteur minier congolais. En juin 2018, quatorze nouvelles entités contrôlées ou détenues par l’homme d’affaires israélien, sont ajoutées à la liste de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC).
Après vingt années passées à côtoyer les puissants, se croyait-il à l’abri ? « Il pensait que les États-Unis seraient plus reconnaissants pour ce qu’il avait pu faire au début des années 2000 », lance l’un de ses proches.
Denise KAVIRA KYALWAHI