La COP27 entame sa seconde semaine à Charm el-Cheikh en Égypte. Au moment où se tient cette Conférence pour le climat, le cabinet BloombergNef a publié un rapport qui pointe la faiblesse des investissements dans les énergies renouvelables en Afrique.
Le stade de ces investissements en énergies renouvelables en Afrique est même considéré comme « alertant » par BloombergNef. L'année dernière, ils ont baissé à leur plus bas niveau en onze ans. Ils ont même dénoncé une chute de 35 % en 2021 par rapport à 2020 alors que pendant ce temps, ils ont haussé de 9 % au plan mondial.
Sur les 434 milliards de dollars investis dans les renouvelables à travers la planète, seul 2,6 milliards l'ont été en Afrique pour tout type de renouvelable solaire, éolien ou encore géothermie, soit 0,6 % du total mondial.
Un grand potentiel pour l'Afrique.
Notamment en ce qui concerne le solaire. L'Agence internationale de l'énergie a chiffré que 60 % des meilleurs emplacements pour produire de l'énergie solaire se trouvait sur le continent. Mais, pour l'instant, il n'abrite que 1,3 % des capacités solaires installées dans le monde. Des capacités concentrées dans un petit nombre de pays. L'Égypte, le Maroc et l'Afrique du Sud en accueillent les deux tiers.
Le Kenya regorge également un mix électrique assez largement orienté vers les énergies renouvelables, dont la géothermie et l'hydraulique principalement, et s'ajoute à la liste des pays qui concentrent les investissements.
Qu'est-ce qui limite ces investissements ?
Certes, 86 % des pays africains se sont fixés des objectifs de long terme sur les énergies dites propres contre 57 % en 2019. Cependant le rapport précise que les techniques de mise sur pied, sont restés faibles. Entre les points qui devraient être améliorés d'après les initiateurs : la planification pour favoriser l'expansion des réseaux électriques ou les conditions d'achats et de ventes. BloombergNef suggère un recours plus fréquent aux systèmes d'enchères ou d'appels d'offre.
Une meilleure connaissance des opportunités liées aux renouvelables par les investisseurs pourraient aussi contribuer à lever des barrières. Et les investisseurs privés ne sont pas les seuls à avoir un rôle à jouer.
Le financement, l'une des clefs pour une économie décarbonée
Or, les pays développés, qui ont, eux, grandement bâti leur richesse avec les énergies fossiles, ne respectent toujours pas leur promesse de porter à 100 milliards de dollars par an leur soutien destinée à la réduction des émissions et à l'adaptation aux dégâts.
Le problème de l'offre « d'alternatives technologiques et financières conséquentes » pour la transition écologique était au cœur des discours des autorités congolaises lors de la pré-Cop le mois dernier à Kinshasa.
En attendant, la RDC, tout comme le Sénégal, réclame son droit à exploiter ses ressources en hydrocarbures récemment découvertes.
À la tribune de la COP27, Macky Sall, le chef de l'État sénégalais a appelé à « une transition verte juste et équitable en lieu et place de décisions qui portent préjudice au processus de développement » de son pays. Un point de vue qui n'est pas partagé par tous. À Charm el-Cheikh, des militants pour le climat s'inquiètent de la ruée sur le gaz des Européens. Thuli Makama, d'Oil Change International, pense que la soif des Européens causée par la guerre en Ukraine sera « de très court terme ». L'avocate et militante d'Eswatini craint donc que les pays africains qui auront investi dans de nouvelles capacités resteront avec « des actifs échoués », c'est-à-dire des produits qui perdent leur valeur, « des frais de dépollution et toute la dévastation qui accompagne cette industrie. »
Un risque pointé par un rapport que Carbon Tracker vient de publier ce jour. Les auteurs prédisent un affaiblissement des investissements occidentaux et conseillent de parier sur le solaire. Selon Carbon Tracker, l'Afrique pourrait faire un bond des 14 gigawatts de capacités solaires présentes à plus de 400 gigawatts jusqu'à 2050.
Rosine MANGA