L’avocat autorisé à intervenir pour Aung San Suu Kyi, n'a plus le droit de parler aux médias, aux diplomates étrangers et aux organisations internationales. Il a fait l’annonce sur sa page Facebook ce vendredi, publiant ainsi le communiqué qui le réduit au silence signé du régime militaire au pouvoir depuis le coup d’État contre sa cliente.
"À compter du 14 octobre, il est interdit à Khin Maung Zaw de communiquer, de rencontrer et de parler aux médias étrangers et locaux, aux diplomates étrangers, aux organisations internationales, aux représentants de gouvernements étrangers ou à toute autre organisation extérieure, directement ou indirectement", d'après ce communiqué. Ces communications peuvent "provoquer des troubles publics", ajoute le communiqué.
Mardi, lors de son dernier contact avec les médias, Khin Maung Zaw, l’avocat principal de Aung Suu Kyi avait relayé le témoignage devant le tribunal de l'ex-Président de la République Win Myint, jugé depuis juin aux côtés d'Aung San Suu Kyi. Un témoignage qui incrimine le régime militaire en place sur la gestion du coup d’État.
Win Myint avait dit devant la barre aux officiers venus l'arrêter le 1er février qu’il préfèrait mourir plutôt que de démissionner. L'équipe de défense d'Aung San Suu Kyi est l'unique source d'information sur ce procès qui se tient à huis-clos en Birmanie.
Suu Kyi, 76 ans, est poursuivie pour une série d'infractions parmi lesquelles des importations illégales de talkie-walkie, des violations de restrictions liées à la Covid-19, de sédition, de corruption et d’incitation aux troubles publics.
Assignée à résidence et maintenue dans un isolement total, elle ne pouvait jusqu'à présent communiquer avec le monde extérieur que par l'intermédiaire de ses avocats, qu'elle ne rencontre qu'au tribunal. Elle est appelée à témoigner pour la première fois le 26 octobre et risque des dizaines d'années de prison si elle est reconnue coupable.
Le putsch a mis fin à une brève parenthèse démocratique qui a duré une décennie dans le pays. L'armée mène une répression sanglante avec environ 1.200 civils tués et plus de 7.000 en détention, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale. Elle rapporte que parmi les 7 000 détenus il y a plusieurs cas de tortures, de viols et d'exécutions extra-judiciaires.
Les généraux du régime militaire en place ont justifié leur passage en force au regard des fraudes aux élections de 2020 remportées massivement par le parti d'Aung San Suu Kyi.
Daniele Stéphanie Mengue