Ce printemps, les lits sont fermés dans les trois quarts des formations hospitalières en France, faute de personnels en nombre suffisant. Ainsi, les vacances s’annoncent, donc sous grande tension. Devant l'absence criard de personnels de santé, quelles solutions pour éviter la catastrophe cet été ?
Le taux du manque de personnels dans les hôpitaux en France dépasse les 10 % et a atteint les 12 % au CHU (Centre Hospitalier Universitaire) de Nantes (Loire-Atlantique), en avril. Dans cet établissement hospitalier, en moyenne, plus de 1000 personnes sont en arrêt chaque jour sur environ 9 600. L’été « va être horrible, du jamais-vu », avec « des décès inopinés et involontaires » de patients, a prévu Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), dans un entretien.
<< Les urgentistes lancent l’alarme rouge. >>
Cependant, dans les hôpitaux et les cliniques, les craintes d’un été catastrophique vont bien au-delà des urgences. La plupart des services et des spécialités sont touchés , tels la cardiologie, l'orthopédie, la maternité, les soins de suite, la gériatrie, la psychiatrie, etc.
<< Manque de personnels en nombre suffisant. >>
Des blocs qui tournent au ralenti. Dès ce printemps, « des lits sont fermés dans plus de trois quarts des établissements, y compris médico-sociaux, plusieurs blocs tournent au ralenti et on note dans toutes les régions des fermetures de services d’urgence », a alerté Frédéric Valletoux, président de la fédération hospitalière de France, lors du très récent salon Santexpo. Quelle sera la situation en juillet et août ? Et en cas de résurgence du Covid-19 ou de chaleur qui saturent les hôpitaux ?
À l’occasion de ce même salon Santexpo, les représentants des CHU (administration et médecin) ont à leur tour pressé les pouvoirs publics « d’adopter immédiatement des plans de continuité territoriale » pour « passer l’été ».
<< Des vacances coupées en deux. >>
Les établissements ont peu de moyens d’agir pour passer l’été. « L’objectif est de préserver les congés des hospitaliers tout en maintenant la qualité de la prise en charge des patients », indique Luc Olivier Machon, directeur des ressources humaines au CHU de Nantes.
<< Exercice impossible ?>>
Les personnels de santé ont droit à deux semaines de vacances d’affilée entre le 1er juin et le 30 septembre. Connaissant que la majorité des souhaits ont lieu en juillet-aout, la poursuite du service de soins oblige. certains établissements n’excluent pas de demander à des salariés de couper leurs vacances en deux.
<< Résurgence du Covid-19. >>
Devant la remontée des cas, faut-il de nouveau rendre le masque obligatoire dans les transports ?
Passer à 12 heures de travail par jour ?
En dehors des fermetures de lits, le passage à des temps de travail de douze heures (au lieu de sept heures, trente – huit heures) est envisagé dans certains établissements, par exemple à l’hôpital de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) ou encore à Brest (Finistère). Quant à l’appel aux heures supplémentaires, sur la base du volontariat, cette solution est déjà très activée et atteint ses limites.
Toutefois, au-delà de l’été, les personnels hospitaliers réclament à cor et à un cri des investissements massifs, pour soigner d’abord et pas dans une logique comptable. Et qu’on ne leur parle pas d’un manque d’organisation comme l’a fait l’ancien ministre de la santé, Olivier Véran, en mai.
Rosine MANGA