Opinion

Sommet Afrique-France à Montpelier : Comment expliquer l'absence des chefs d'État africains à ce sommet ?

Sommet Afrique-France à Montpelier : Comment expliquer l'absence des chefs d'État africains à ce sommet ?

Le sommet Afrique-France se tiendra le vendredi 8 octobre 2021 à Montpelier, en France. Pour la première fois, aucun chef d'État n'est invité à participer à cette rencontre. Des jeunes, des membres de la société civile et des jeunes sont attendus à cette rencontre. Un nouveau format qui suscite des interrogations.

Après deux reports dus à la pandémie du Covid 19, la 28e édition du sommet Afrique-France aura finalement lieu ce vendredi 8 octobre dans la ville de Montpelier. Pour la première fois depuis 1973, aucun chef d'Etat n'a été invité. Selon Wilfrid Lauriano do Rego coordinateur du Conseil présidentiel pour l'Afrique, le président français Emanuel Macron "a voulu embarquer la société civile dans une nouvelle relation avec l'Afrique."

La formule ancienne de ce sommet est dépassée selon l'Élysée. Sont attendus : Entrepreneurs, associations, acteurs de l'innovation, du sport, de la culture la liste n'est pas exhaustive. Sur 3 000 participants, environ 1 200 représenteront les 54 pays africains, certains membres de la diaspora en France, d'autres venus spécialement pour le sommet. Selon la France "L'objectif est d'échanger sur la relation Afrique-France, de discuter du renouvellement du logiciel de celle-ci, avec ceux qui l'incarnent, qui peuvent être les acteurs clés de demain". On se souvient qu'en 2017, à Ouagadougou la France par la bouche de son président s'était engagée à soutenir l'entrepreneuriat africain et surtout avait annoncé le retour des œuvres culturelles.

Un sommet dans un contexte compliqué

Cette rencontre se tient dans un contexte difficile marqué par des relations tendues entre la France et certains États africains, avec des coups d'État en Afrique francophone, la montée du sentiment anti-français. Cette rencontre pourrait représenter un défi pour la France. "Le contexte politique actuel dans un certain nombre de pays rend cette discussion sensible, mais en même temps nécessaire. On voit bien que la relation ne peut plus se réduire à des discussions d'État à État", a déclaré l'un des conseillers d'Emanuel Macron.

Rappelons que la semaine dernière, l'Algérie a rappelé son ambassadeur en France pour "consultation" suite aux déclarations du président Emmanuel Macron dans le journal Le Monde et la convocation de l'ambassadeur de France au Mali par la junte cette semaine en raison de "remarques désobligeantes" du président français contre les autorités de Bamako. Pour Wilfrid Lauriano do Rego, ce sommet est aussi l'occasion de vider son sac : "Il est temps de parler sans tabous. C'est la dynamique de ce sommet, lever les tabous pour envisager un New Deal, un nouveau partenariat plus équilibré avec l'Afrique. Mais cela ne peut se faire qu'en vidant le passé de ses non-dits. Ne pas en parler nous fait tourner en rond et nous n'avançons pas.

Interrogé sur l'absence des chefs d'Etat africains à ce sommet, le coordinateur du Conseil présidentiel pour l'Afrique estime qu'il s'agit d'une volonté de la France d'inclure la société civile : "La transformation de l'Afrique ne peut se faire sans la société civile, cela ne veut pas dire que la France exclut les relations avec les Etats, mais cela veut dire qu'elle inclut les préoccupations de la société civile. Maintenant, au sommet, c'est aussi à cette société civile de dire comment elle voit les choses et ce qu'elle propose", a-t-il confié.


Jean Baptiste Bodo