Société

Cameroun : formation professionnelle, la nouvelle bataille d’Issa Tchiroma Bakary

Cameroun : formation professionnelle, la nouvelle bataille d’Issa Tchiroma Bakary

Le lundi 31 janvier 2021 à l'occasion de la levée de rideau d'un forum sur l'emploi à Douala, Issa Tchiroma Bakary ministre camerounais de l'emploi et de la formation professionnelle a déclaré " Vous envoyez vos enfants dans des facultés qui forment pour des gens qui ne travailleront jamais. Vous envoyez les enfants dans la faculté d’histoire-Géo, je n’ai rien contre. Mais si vous envoyez vos enfants ils vont vous rapporter une maîtrise en Histoire-Géo ou en lettres grecques ou modernes, ils viendront avec ces diplômes là et ils ne travailleront jamais". Une déclaration qui avait créé une vive polémique au sein l'opinion publique camerounaise, certains parlant d'une sortie de route inacceptable, d'autres condamnant ce qu'ils ont jugé comme un appel à fermer les facultés d'histoire et de géographie du Cameroun.

 

En visite à Garoua, sa ville natale, l'ancien ministre de la communication a tenu à clarifier ses propos et à présenter sa nouvelle bataille, celle de la formation professionnelle des camerounais.

Invité du 20h de Galaxie TV chaîne émettant depuis Garoua la capitale de la Région du Nord, Issa Tchiroma Bakary a commencé par faire quelques clarifications sur ses propos. Il a d'abord dit qu'il n'avait rien contre les historiens et les géographes qui ont tous leur importance dans la société, mais il devait prendre un exemple et c'est tombé sur ceux-là. Ceci dit, le ministre de l'emploi et de la formation professionnelle a poursuivi en disant que dans sa posture, c'était son rôle à lui de tenir de tels propos qui peuvent choquer les uns et les autres, mais qui sont vrais: "J'ai affaire le plus souvent à des familles pauvres. Il faut savoir que payer l'écolage d'un enfant dans une famille pauvre équivaut à un investissement à court ou à moyen terme. Au bout de combien d'années d'étude une formation en histoire peut devenir rentable pour une famille ? Et pourtant, une formation professionnelle de carreleur, au bout de 4 mois d'apprentissage peut déjà permettre à l'apprenti d'être un assistant dans un chantier et ainsi ramener quelques sous à la maison. Je veux être pragmatique et présenter un discours de vérité aux camerounais en leur demandant de privilégier les formations professionnelles pour leurs enfants."

Issa Tchiroma Bakary a aussi lors de cette interview évoqué le système scolaire actuel: "60 ans après les indépendances, notre système scolaire ne peut plus nous surprendre, il ne peut pas nous donner autre chose que ce qu'il a donné jusqu'ici, le monde évolue, le Cameroun change, de nouveaux défis s'ouvrent à nous, nous devons aussi changer notre manière de voir l'avenir, de comprendre le développement.

Jusqu'ici dans notre système scolaire, 80% est réservé à l'enseignement général et seulement 20% aux formations professionnelles, cette tendance doit être inversée. Au Cameroun depuis l'indépendance seulement 280 SAR SM ont été créées sur toute l'étendue du territoire, je vous laisse imaginer le nombre d'établissements de l'enseignement général créés. Pourquoi je vous parle des SAR SM? Parce que dans notre pays, il n'y a pas de politique de rattrapage pour les décrocheurs scolaires. Un enfant qui arrête l'école avant le CEP, qu'est ce que l'état lui propose? Il en est de même pour ceux qui décrochent avant le BEPC et très souvent avant le baccalauréat. C'est un problème auquel en temps que ministre de l'emploi et de la formation professionnelle, je dois apporter une solution." Le ministre de l'emploi a poursuivi en disant que comment le Cameroun peut prétendre être émergeant en 2035 en allant chercher des Turcs pour construire ses stades? En allant chercher des thaïlandais pour construire ses pipelines ou encore des chinois pour construire ses routes? Pour lui, les camerounais doivent exporter l'expertise professionnelle au lieu d'aller en chercher à l'extérieur.
Issa Tchiroma Bakary a pris l'exemple de la Chine qui est l'atelier du monde, des États-Unis qui dominent le monde, de l'Allemagne qui domine l'Europe et même de la Corée du Sud qui joue sa participation et ceci grâce à l'expertise professionnelle développée. C'est vers ces exemples là que le Cameroun devrait se tourner.

Le ministre de l'emploi et de la formation professionnelle a annoncé aussi vouloir développer sur toute l'étendue du territoire camerounais des formations professionnelles pour tous et pour tous les âges. C'est sa nouvelle bataille qu'il ira défendre à l'Assemblée Nationale qui est actuellement en pleine session parlementaire du mois de mars.

Loris-Clet ADIANG