Le 22 mars de chaque année se célèbre dans le monde entier, la journée mondiale de l'eau. En cette année 2022 cette célébration a été particulière pour les habitants de Garoua, ville située au Nord du Cameroun. Ici, en moins de 5 ans, la fourniture en eau s'est complètement dégradée au point où Garoua meurt de soif.
Il est 14h ce mardi 22 mars 2022 et le thermomètre affiche 43° à Garoua, la capitale de la Région du Nord. Il faut dire qu'ici nous sommes en pleine saison sèche, une saison qui va courir jusqu'en mai. En pareille circonstance, les professionnels de la santé recommandent de s'hydrater et de se désaltérer abondamment, mais à Garoua, il n'y a pas d'eau, les robinets de la plupart des quartiers sont à sec.
Il y a quelques années pourtant, Garoua, ville située en pleine zone sahélienne du Cameroun se vantait d'avoir l'une des meilleures eaux du pays et en quantité suffisante. En moins de 5 ans la situation a changé du tout au tout, pour plusieurs raisons.
Garoua est l'une des villes qui a accueilli la phase finale de la coupe d'Afrique des 2021 au Cameroun. La préparation de cette compétition a nécessité de nombreux travaux qui ont soit endommagé, soit perturbé le réseau de distribution urbain de l'eau. Depuis la fin des travaux, la compagnie de distribution d'eau n'a pas rétabli son réseau et des quartiers tels que Kanadi, Roumdé-Adjia, Soweto, Djamboutou ou encore Djaouro Baba sont depuis hors du circuit de distribution d'eau.
Dans ces quartiers, les plus nantis ont entrepris de creuser des forages et de créer des mini addictions en eau potable dans les quartiers. Mais il se trouve et c'est la deuxième raison, que ces systèmes là fonctionnent avec l'électricité et la ville de Garoua en connait un rationnement drastique depuis la fin de la coupe d'Afrique des Nations le 06 février 2022. Il y a des quartiers à Garoua qui ont à peine 2 heures d'électricité en 24h. Conséquence des courses, sous 43°, sans eau ni électricité, la capitale de la région du Nord suffoque.
C'est dans ce contexte que la communauté musulmane va débuter le 02 avril prochain le mois de jeûne du ramadan. Une situation qui fait craindre de nombreux morts ici, si rien n'est fait d'ici là pour apporter une solution..
Les solutions alternatives restent l'eau en sachet qui coûte 100 francs CFA l'unité et qui suffit juste à se désaltérer pour quelques minutes et des puits parmi les rares à conserver encore un peu d'eau à la qualité douteuse.
Depuis 2 ou 3 ans, des missions venues de Yaoundé à la tête desquels le ministre de l'eau et de l'énergie, se succèdent les unes aux autres, sans trouver de solution à la situation catastrophique que vit Garoua. Et pourtant, ce ne sont pas des solutions qui manquent Garoua comme toute la région septentrionale du Cameroun baigne dans un soleil très généreux, privilégier dans un premier temps l'énergie solaire pour l'éclairage public permettrait de libérer quelques kilowatts pour les ménages et ensuite, une réelle politique d'incitation du public ou des privés à exploiter l'énergie solaire résoudrait en quelques mois le manque criard que connait Garoua, en eau et en électricité.
Loris-Clet ADIANG