Les enseignants du primaire et du secondaire sont entrés en grève depuis le 07 février, jour de la rentrée scolaire, ils revendiquent une réévaluation de leurs salaires. Ces « seigneurs » de la craie du Zimbabwe, encourent la suspension par le gouvernement, au cas où ils ne reprendraient pas leur travail cette semaine.
Ils sont 135 000, soit 90% d’éducateurs zimbabwéens selon les syndicats, à n’avoir pas renoué avec le chemin de l’école depuis le 07 février. Une grogne qui s’explique par une baisse drastique de leur salaire, qui a des conséquences sur leur niveau de vie. Une situation difficile à vivre comme l’indique Raymond Majongwe, secrétaire général du syndicat progressiste des enseignants. « Les salaires sont pathétiques en 2018 les enseignants gagnaient en moyenne 540 dollars américains. Ils ne gagnent plus que l’équivalent de 80 dollars. Les enseignants ne peuvent pas venir au travail, ils n’ont pas assez d’argent pour prendre les transports en commun, pour se vêtir, pour se loger. Dans ces conditions, ils ont simplement décidé de rester chez eux. »
En effet, il y a 03 ans que ce bras de fer dure. L’Etat s’était résolu à payer les salaires en monnaie locale fortement dévaluée par une inflation galopante et non plus en dollars américains, comme par le passé. Au Zimbabwe Les professeurs gagnent l’équivalent de 90 euros par mois, même pas de quoi payer, pour certains d'entre eux, les trajets entre leur domicile et l'école.
Pour convaincre ces virtuoses de lever leur mot de grève, une augmentation de 20% de salaires leur a été proposée par l’Etat, ainsi que des aides aux logements en plus d’une allocation Covid-19 de 100 dollars. Cette offre a été rejetée par les syndicats qui la jugent dérisoire selon les explications de Obert Masaraure, président du syndicat des enseignants en zone rurale : « L'éducation publique est complètement négligée. Nos dirigeants envoient leurs enfants dans des écoles privées, dans des écoles élitistes, certains vont même à l’étranger. Cette grève ne les affecte pas, car leurs enfants ne vont pas dans ces écoles publiques, alors il ne s’en inquiète pas. »
« Payez-nous ce que nous avons demandé et nous serons au service du pays. »
Du temps où l’ancien président Robert Mugabe était à la tête du pays, le secteur de l’éducation pour le quel il nourrissait de grandes ambitions bénéficiait d’un soutien important. Malheureusement l’effondrement de l’économie du pays, à cause de la réforme agraire jugée brutale, a ruiné l’agriculture du Zimbabwe autrefois considéré comme le grenier à blé de l’Afrique Australe.
A ce jour, les enseignants sont déterminés à poursuivre leur grève tant que leurs revendications ne sont pas prises en compte. « Les enseignants ne reprendront pas le travail. Payez-nous ce que nous avons demandé et nous serons au service du pays. Sans cela, cela va être difficile », a promis le secrétaire général du Progressive Teachers Union of Zimbabwe (PTUZ), Raymond Majongwe, repris par le site de presse New Zimbabwe.
Un mouvement de même envergure avait déjà été observé en 2020 par les enseignants. Toutes ces grèves sont la conséquence de la récession de L’économie du Zimbabwe, en récession depuis plus de dix ans.
Jean Baptiste Bodo