Accusé pour « agression sexuelle » le journaliste indépendant Soulaimane Raissouni, a vu sa condamnation de 5 ans de prison confirmée en appel par La justice marocaine dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 février.
La condamnation de cinq ans de prison ferme en première instance de Soulaimane Raissouni, a été confirmé par le juge devant la cour d'appel de Casablanca après huit heures d’audience. Agé de 49 ans, le journaliste connu pour son ton critique vis-à-vis des autorités locales, faisait l’objet des poursuites pour « agression sexuelle » sur un jeune militant LGBTQ, des faits qu'il a toujours niés arguant être poursuivi « à cause de ses opinions ».
Aussitôt après le verdict, la défense a décidé de se pourvoir en cassation. « Ce jugement est la preuve qu’on veut se venger de M. Raissouni. Nous sommes très déçus, on s’attendait à ce qu’il soit innocenté au regard de l’ensemble des failles exposées tout au long du procès », s’est indigné son conseil, Me Miloud Kandil, au micro de l'AFP.
Cette condamnation sera accompagnée d’une amende de de 100.000 dirhams (environ 9.500 euros) en faveur du plaignant représentant des dommages- intérêts.
Interpellé en mai 2020, Soulaimane Raissouni avait entamé une grève de la faim de 122 jours, ce qui ne lui avait pas permis d’assister à la plus grande partie de son procès en première instance - entre février et juillet 2021. Du coté des autorités marocaines, on soutient que le journaliste indépendant a bénéficié d'un procès « équitable » et ces poursuites « n’ont rien à voir avec son travail journalistique ».
« Affaire émaillée des mensonges du plaignant »
Le procès a été émaillé de nombreuses incongruités selon la défense. L’ouverture de l’enquête a été faite sur la base d'une publication sur Facebook dans laquelle l'accusateur charge, sous pseudonyme, M. Raissouni de l'avoir agressé sexuellement. La plainte s’est appuyée également sur un échange enregistré mais jamais diffusé lors du procès et des conversations Messenger. Le plaignant a répété sa version des faits devant la cour et confiant avoir « souffert de répercussions psychologiques à la suite de l’agression ».
A son tour, M. Raissouni et ses conseils ont relevés de nombreuses « failles » en énumérant point par point des contradictions dans ce procès. « Cette affaire est émaillée des mensonges du plaignant. Tout au long du processus judiciaire, il s’est contredit », a fait remarquer M. Raissouni.
, Omar Radi et Taoufik Bouachrine, deux autres journalistes marocains ont été condamnés à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu'ils nient.
Le Maroc occupe la 136e place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse de RSF. Le comité de soutien du journaliste et des organisations de défenses de la liberté de la presse parlent d’une peine sévère et exigent la libération du journaliste.
Source : AFP
Jean Baptiste Bodo