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Le Soudan rappelle son ambassadeur en Ethiopie après des «exécutions» de sept de ses soldats

Le Soudan rappelle son ambassadeur en Ethiopie après des «exécutions» de sept de ses soldats

Le Soudan rappelle son ambassadeur en Ethiopie après des «exécutions» de sept de ses soldats.


Le Soudan a rappelé lundi son ambassadeur à Addis Abeba, accusant l'armée éthiopienne d'avoir " exécuté " sept de ses soldats et un civil faits prisonniers, ce que l'Ethiopie, en conflit pour la terre et l'eau avec Khartoum depuis des années, a démenti.
Ce conflit frontalier alimente les tensions entre les deux pays, Khartoum et Addis Abeba s'opposent en outre depuis plus de dix ans sur la question du Grand barrage de la Renaissance (Gerd), construit par l'Éthiopie sur le Nil.

« Dans un acte qui contrevient à toutes les conventions de la guerre et au droit international, l'armée éthiopienne a exécuté sept soldats soudanais et un citoyen», avait inculpé l'armée soudanaise. Le Soudan a en plus indiqué qu'il déposerait plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU et des organisations régionales.

Le Soudan a également convoqué lundi l'ambassadeur éthiopien pour protester contre " un acte qui contrevient à toutes les conventions de la guerre et au droit international ", d'après l'armée soudanaise, qui a prévenu que " cet acte perfide ne passerait pas ".

L'armée soudanaise affirme que " l'armée éthiopienne a exécuté sept soldats soudanais et un citoyen faits prisonniers " le 22 juin en territoire soudanais puis emmenés en Ethiopie ", selon le ministère soudanais des Affaires Étrangères.

Le ministère ajoute qu'il va " rappeler immédiatement son ambassadeur en Ethiopie et convoquer (lundi) l'ambassadeur éthiopien à Khartoum pour lui signifier la condamnation soudanaise de cet acte inhumain ".

Le Soudan a en plus annoncé déposer plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU et des organisations régionales.

Lundi, le chef de l'armée, aussi homme fort du Soudan depuis son putsch d'octobre 2021, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est rendu à Al-Fashaga, des terres fertiles dans l'État de Gedaref (est), objet d'un conflit frontalier entre le Soudan et l'Éthiopie. Là où, d'après un responsable militaire soudanais, les soldats avaient été capturés, il a pressé ses soldats "d'empêcher tout nouveau mouvement ou violation du droit du sol soudanais ou de ses ressortissants ".

«irréalité des faits»

L'Ethiopie, elle, a dénoncé " une déformation des faits " et affirmé que ces violences avaient été " concoctées à dessein " pour détériorer les relations entre les deux voisins qui, malgré de nombreux cycles de négociations, ne sont jamais pour l'instant parvenus à trouver un accord sur le tracé de leur frontière.

Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a estimé que les Soudanais tués l'avaient été au cours d'une "escarmouche entre l'armée soudanaise et une milice locale " et ce, " sur le sol éthiopien ".

Il a encore dénoncé "l'incursion d'une unité de l'armée régulière soudanaise soutenue par des éléments terroristes du TPLF ", les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) en guerre avec le gouvernement éthiopien depuis 2020. Et il a surtout demandé à Khartoum " de se garder de toute escalade ", alors que régulièrement l'armée soudanaise, liée dans le marasme politique et économique depuis le putsch, annonce avoir perdu des hommes à sa frontière avec l'Ethiopie.

Des affrontements, parfois mortels, se produisent régulièrement dans cette zone. Ils se sont intensifiés en 2020 avec la guerre entre l'État fédéral éthiopien et les dirigeants régionales du Tigré, région voisine du Soudan, qui a poussé des dizaines de milliers d'Ethiopiens à se réfugier dans l'Est du Soudan.

Bien que des cultivateurs éthiopiens se soient installés dans la zone d'El-Fashaga depuis des décennies, les troupes soudanaises ne s'y sont déployées qu'après le déclenchement du conflit au Tigré. Ce conflit frontalier alimente les tensions entre les deux pays, Khartoum et Addis Abeba s'opposent en outre depuis plus de dix ans sur la question du Grand barrage de la Renaissance (Gerd) construit par l'Éthiopie sur le Nil.

Toutefois, l'ONU a demandé des enquêtes impartiales sur des massacres en Éthiopie.

Rosine MANGA