On a beaucoup glosé sur ce qui différencie le roi du Maroc de son père, mais on a peu dit sur son art de gouverner et de manier les hommes, lequel repose sur des aptitudes et des dispositions spécifiques.
Les Marocains n’ont pas besoin de sondages pour savoir ce qu’ils pensent. Sans doute est-ce pour cela qu’à la différence de ses consœurs britannique ou espagnole la monarchie chérifienne ne se soumettra jamais à l’équation des enquêtes de popularité – d’ailleurs, personne dans le royaume ne le lui demande. Si l’on sait que la reine Élisabeth II reçoit, bon an mal an, l’assentiment quasi inoxydable de 70 % de ses compatriotes (60 % pour ce qui concerne son homologue ibérique Felipe VI), il est donc impossible de connaître le niveau exact d’approbation dont jouit, vingt-trois ans après son accession au trône, un souverain qui non seulement règne et gouverne, mais commande aux croyants.
Une indication tout de même : si le monarque a traversé quelques turbulences depuis le 23 juillet 1999, jamais, même aux moments de contestation les plus vifs (Mouvement du 20-Février, Hirak du Rif, confinement au forceps…), la survie du régime n’a été menacée, nul, si ce n’est les islamistes exaltés des cellules jihadistes, n’ayant réclamé sa chute. Alors que Hassan II avait dû, jusqu’au début des années 1980, user de la main de fer afin d’imposer la monarchie, son fils l’a revêtue d’un gant de velours pour ancrer la royauté dans la vie quotidienne, tout en rendant le Maroc plus lisible, plus libre et plus ouvert.
Denise KAVIRA KYALWAHI