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Société / Mali : Au moins 40 civils tués dans la zone des trois frontières

Société / Mali : Au moins 40 civils tués dans la zone des trois frontières

Les djihadistes ont mené plusieurs attaques meurtrières dans la zone dite des "trois frontières" entre les 13, 14 et 15 février faisant au moins 40 morts et des centaines de déplacés.


Les habitants de la zone dite << trois frontières >> au Mali, sont victimes de nombreuses attaques des groupes djihadistes en conflit dans cette région. Au moins 40 civils ont été tués la semaine dernière et plus d'une centaine ont fui leurs habitations. Interrogé par RFI, Souleymane Ag Mahmoud, un élu d’Ansongo déclare que ce sont des hommes armés qui appartiendraient à l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et au Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans (GSIM ou Jnim), qui auraient mené ces attaques dans les villages de Kaygouratane, Bakan, Tadjilalt Tin-Agiigii et Haroun.

Il a ajouté que ce phénomène est récurrent dans la commune de Tessit. << Quand un groupe djihadiste passe dans un village, celui qui vient après accuse les habitants d’être complices, alors que ces populations sont là et ne sont même pas dans la capacité de chasser une mouche >>.

La zone dite des "trois frontières" est l'un des foyers de la violence qui secoue actuellement le Sahel. L'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim), s'affrontent régulièrement dans cette région pour son contrôle et les populations en sont malheureusement les principales victimes.

Selon la déclaration des sources locales à l'AFP, au moins quarante civils ont perdu la vie dans trois sites différents des environs de Tessit, à quelques dizaines de kilomètres des frontières avec le Burkina Faso et le Niger. Les victimes auraient été tuées après avoir été accusées de complicité avec un autre groupe djihadiste.

D'après les témoignages des habitants, le GSIM et l'EIGS se sont infiltrés pour la première fois dans la commune de Tessit le 10 février. Chacun de ce groupe a semé les dégâts en détruisant les biens des villageois avant de repartir. Ils y ont saccagé un centre de santé, une pharmacie, un château d’eau, un commerce et ont emmené une ambulance. C'est trois jours plus tard qu'il y a eu des exactions.

Ces attaques meurtrières surviennent quatre jours après le retrait de la France et ses partenaires européens au Mali, après neuf ans de collaboration dans la lutte contre les djihadistes. En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les états européens opérant aux côtés de l'opération (française) Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel au Mali.

Le président français Emmanuel Macron avait déclaré lors d'une conférence de presse aux côtés des présidents sénégalais, ghanéen et du Conseil européen que : << Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d'autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés et qui ont recours à des mercenaires de la société [russe] Wagner" aux "ambitions prédatrices.>>

Après ces attaques meurtrières dans la commune de Tessit, la question qui taraude désormais les esprits des observateurs est celle de savoir si la junte militaire malienne a bien fait de rompre sa collaboration avec ses alliés.

Yaouba Mamadou