Depuis le 29 mai dernier, les restrictions sanitaires sont progressivement levées dans la capitale chinoise, mais les paysans et les agriculteurs continuent de souffrir de la recrudescence du Covid-19. Ainsi, les légumes pourrissent déjà sur les tiges à la périphérie de Pékin.
Les transports ont recommencé, les commerces ont pu rouvrir, mais les salades n’ont pas trouvé d’adeptes, et cela donne un triste tableau, des laitues rondes comme on les appelles communément, certains d'ailleurs parlent de salade iceberg, aux feuilles sèches, parfois noircies en les champs.
Dans la ville de Pékin, c’est déjà la campagne. Le coq chante et nous rapprochons monsieur Zhang, âgé de 78 ans. « Ça ne vaut plus rien ! Personne ne veut de ce terrain, et c’est la faute au Covid-19 ! »
Visage crispé, mains miroir d’une vie à travailler le sol, sieur Zhang est triste. Cette année, la récolte est finie. “Ces salades ne valent plus rien, mais plus au sud c’est pareil, il a dit. Là, il y a un champ où les gros choux ne sont pas du tout pourris. Pourtant, il est foutu par le Covid ! Même si vous voulez les vendre, ils ne vous laisseront pas faire. De l’autre côté de cette route, il y a des fermes avec des véhicules. Vous pensez qu’ils viennent les chercher ? Pour rien ! les camions ne viennent plus ici : les marchés de gros refusent de recevoir la marchandise. »
Les restrictions sanitaires semblent ne pas encore été levées. Les commerçants ne viennent pas chercher leurs légumes car les restrictions du Covid 19 ne sont pas complètement levées. Des stations-service sont encore fermées, des restaurants aussi. Les écoles n’ont pas également rouvert à Pékin. Et de toute façon, c’est trop tard. Il fallait ramasser ces légumes il y a au moins deux semaines.
La même chose s’est produite à Shanghai, récemment, dans le district de Pudong.
Les producteurs parlaient de 200 tonnes de pastèques perdues, car le système de distribution n’a pas été rétabli et les marchés de gros dans les villes confinés n’ont pas complètement retrouvé un fonctionnement normal.
La laitue roule sur le dos du scooter d’un riverain qui vient aider dans les champs. Le grand sac blanc dans lequel elle récupère les salades est presque aussi grand qu’elle, et elle aussi a plus de 70 ans. ” Je prends ça pour nourrir les poulets et les canardselle dit. Nous avons eu beaucoup de malchance cette année. Il y a des fraises là-bas, mais c’est fermé. Elle livre une salade. ” Les gens ordinaires ont perdu beaucoup d’argent avec le Covid. Chaque jour, ils répètent : attention au virus ! Mais si des gens ordinaires sont infectés et ne meurent pas, que se passera-t-il ? », glisse-t-elle.
Excédents de laitue, restrictions sanitaires et prix en chute libre.
Même si nous avons reçu l' autorisation de les vendre, ont-ils dit, le prix de ces choux et salades compenserait à peine le prix du transport vers le marché de gros de Xinfadi, le premier foyer d’infection au Covid-19 en juin 2020 dans la capitale chinoise.
Rosine MANGA