Société

Soudan : Sept manifestants anti-putsch tués par balles à Khartoum

Soudan : Sept manifestants anti-putsch tués par balles à Khartoum

Au moins sept morts ont été enregistrés jeudi à Khartoum, capitale soudanaise lors d'une manifestation anti-putsch. Les populations veulent à tout prix que les militaires laissent le pouvoir aux civils.

<< Même si on doit tous mourir, les militaires ne nous gouverneront pas >>, c'est avec ce propos que des milliers de manifestants anti-putsch ont parcouru les artères de la ville de Khartoum. Les manifestants entendent obliger l'armée à rendre le pouvoir aux civils après le putsch qui a plongé l'un des pays les plus pauvres au monde dans la crise économique et politique. Ils veulent réitérer l'exploit d'il y a trois ans, et forcer le pouvoir militaire à rendre les rênes du pays aux civils.

Sous les grenades des forces de sécurité, la foule scandait « le peuple veut la chute du général Abdel Fattah al-Burhane », pour exprimer sa colère vis-à-vis du gouvernement en place. Malheureusement, cette manifestation dite pacifique a tourné au drame. << Sept manifestants ont été abattus par les forces de sécurité, trois au moins par des balles tirées dans la poitrine ou à la tête >>, a rapporté un syndicat de médecins prodémocratie, dénonçant aussi des incursions des forces de l'ordre et des tirs de grenades lacrymogènes à l'intérieur même d'hôpitaux de la capitale.

Depuis octobre, 108 manifestants ont été tués et des milliers d'autres blessés par les forces de l'ordre qui, selon l'ONU tirent régulièrement à balles réelles sur la foule, sans toutefois entamer la détermination de la rue.

Avant les manifestations, l'émissaire de l'ONU Volker Perthes avait martelé que «la violence doit cesser» et plusieurs ambassades avaient réclamé que «plus aucune vie ne soit perdue». Mais la pression de la communauté internationale semble ne pas porter des fruits sur des généraux qui sont au pouvoir depuis l'indépendance du Soudan en 1956.

Ce pays est plongé dans une crise interminable depuis plusieurs années et les populations en sont les principales victimes. Un tiers des 45 millions de soudanais souffrent d'insécurité alimentaire aigüe, potentiellement mortelle. Ce chiffre devrait atteindre 50% selon l'ONU.

Yaouba Mamadou