Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est rendu à Alger mercredi 08 décembre où il a été reçu par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Par cette visite, la France veut relancer sa relation avec l’Algérie tendue depuis deux mois.
La météo des relations entre l’Algérie et la France était devenue glaciale après les propos choquants d’Emmanuel Macron sur la « rente mémorielle ». Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian est allé rencontrer le président algérien mercredi 08 décembre dans le but de relancer la relation bilatérale après plus de deux mois de brouille. Lors de cette visite, le ministre des affaires étrangères de la France a appelé à "une relation apaisée" entre les deux pays.
« Je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d'une relation apaisée et puissent regarder vers l'avenir », a déclaré Jean-Yves Le Drian à la presse après sa rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune.
Si le contenu des échanges entre les deux hommes reste pour le moment inconnu, Jean-Yves Le Drian a émis le souhait de voir les relations entre Alger et Paris redémarrer. « Nous souhaitons que le dialogue que nous relançons aujourd'hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022 au-delà des blessures du passé que nous devons regarder en face au regard des malentendus qu'il nous revient » a-t-il émis le vœu.
« La France et l'Algérie font face ensemble à des défis majeurs dans un environnement régional et international incertain. Nous devons être en mesure de proposer des réponses opérationnelles aux défis que représentent le terrorisme dans la région sahélienne, mais aussi l'émigration clandestine ainsi qu'aux enjeux de développement économique. Sur tous ces sujets et parce que nos intérêts sont communs, notre concertation est primordiale et c'était le sens de ma présence aujourd'hui à Alger » a-t-il ajouté.
« Emmanuel Marcon a blessé la dignité des Algériens »
Les tensions entre l’Algérie et la France sont nées il y a environ deux mois, suite aux propos d’Emmanuel Macron tenus lors d’une rencontre à l’Elysée avec des « petits enfants » de la guerre d’Algérie. Le chef de l’Etat avait évoqué un « système politico-militaire algérien » qui se serait construit sur la « rente mémorielle » et la « haine de la France ». Il était allé jusqu’à questionner l’existence de « la nation algérienne (…) avant la colonisation française » des propos qui avaient choqué Alger. La réponse de l’Algérie ne s’était pas fait attendre. Immédiatement Alger avait rappelé pour consultation son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son espace aérien aux avions militaires français participant à l’opération « Barkhane » au Mali.
« Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait jugé "très graves" les propos d'Emmanuel Macron. "Emmanuel Marcon a blessé la dignité des Algériens. Nous n'étions pas des sous-hommes. Nous n'étions pas des tribus nomades avant que les Français viennent en Algérie », avait déclaré le président algérien dans son entretien avec l'hebdomadaire allemand. Avant d’ajouter que l'Algérie ne ferait "pas le premier pas".
Début octobre, la France avait annoncé son intension de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens, par cette décision Paris voulait mettre la pression sur le gouvernement algérien, jugé peu coopératif sur la réadmission des Algériens expulsés de France. Cette annonce avait envenimé les relations entre les deux pays. L’Algérie avait réagi en parlant de résolution « sans consultation préalable » avant de convoquer l’ambassadeur de France en Algérie.
Jean Baptiste Bodo