Les troupes françaises ont officiellement quitté lundi 13 juin la base militaire de Ménaka, dans le Nord-Est du Mali. Il s'agit de l'avant-dernière étape du départ de la force antidjihadiste Barkhane du pays. L'armée française quittera définitivement le Mali à la fin de l'été avec le transfert aux Forces Armées Maliennes (FAMa) de leur principale emprise de Gao.
Lancée en 2014 avec 3 000 soldats pour contenir la menace terroriste qui plane au Sahel, l'Opération Barkhane est considérée comme un échec par les autorités Maliennes. Le divorce est définitivement acté entre la France et le Mali. Après avoir libéré la base militaire de Gossi, l'armée française a officiellement remis aux Forces Armées Maliennes (FAMa) les clés de base militaire de Ménaka, dans le Nord-Est du pays.
Cette base militaire, ouverte en 2018 et située dans la zone dite des trois frontières, Mali, Niger et Burkina, logeait également les forces spéciales françaises et européenne Takuba, qui avait pour but d'aider les forces maliennes à gagner en autonomie. C'est lors d'un point de presse que le général de l'armée française Pascal Ianni a annoncé cette nouvelle en indiquant qu'il "s'agit de l'avant-dernière étape du départ de la force antidjihadiste Barkhane du Mali".
L'état-major a également rassuré que "le départ des troupes françaises de Ménaka a été conduit en bon ordre, en sécurité et en toute transparence, dans un contexte où la force Barkhane fait face à des attaques informationnelles régulières visant à entacher son action et sa crédibilité".
Selon le général Pascal Ianni, la réarticulation de la force Barkhane et le transfert de l'emprise de Ménaka, après celle de Gossi ne marque pas le départ des armées françaises de la bande sahélo-saharienne. L'engagement dans la lutte contre le terrorisme aux côtés des États de la région, à leur demande reste une priorité absolue pour la France.
<< L'ONU s'inquiète d'une aggravation de la situation au Mali >>
Toutefois, le départ des troupes françaises dans ces deux localités risquent d'ouvrir la porte aux djihadistes. « Depuis le début de cette année, nous avons constaté une détérioration de la zone des trois frontières avec des effets conséquents sur les régions de Ménaka et de Gao », a précisé El-Ghassim Wane, émissaire de l’ONU pour ce pays au Conseil de sécurité, assurant craindre une attaque djihadiste dans la ville de Ménaka.
« Si ce scénario devait se concrétiser, la base de la Minusma risque d’être perçue comme le dernier refuge pour les civils fuyant la violence, a-t-il encore estimé. Avec un minimum de forces maliennes dans la région et quelque 600 soldats de la paix disponibles pour protéger les civils, le personnel et les biens de l’ONU, la capacité de la Minusma à organiser une réponse efficace est limitée. », a-t-il ajouté.
Origines des tensions croissantes entre le Mali et la France
Les relations diplomatiques entre la France et le Mali se sont dégradées depuis que les militaires arrivés suite au putsch n'ont pas tenu leur engagement initial d'organiser les élections qui auraient ramené les civils à la tête de la Présidence malienne. Le 17 février 2022, la France et ses partenaires européens ont officialisé le départ de leurs troupes du Mali des opérations militaires antidjihadistes Barkhane et Takuba au terme de neuf ans de lutte antidjihadiste.
Le Président français Emmanuel Macron a justifié le départ des troupes françaises en indiquant "les multiples obstructions du régime malien et les conditions opérationnelles et juridiques qui n'étaient pas bonnes dans ce pays".
Yaouba Mamadou