Politique

Rwanda : Le soft power de Kagame à l'ère de l'intelligence artificielle

Rwanda : Le soft power de Kagame à l'ère de l'intelligence artificielle

Une récente étude de l'université américaine de Clemson révèle que le régime de Paul Kagame aurait recours à l'intelligence artificielle (IA) pour amplifier sa communication sur les réseaux sociaux, notamment à l'approche de l'élection présidentielle du 15 juillet 2024.

Une stratégie de communication sophistiquée

Selon les chercheurs de Clemson, le gouvernement rwandais et ses partisans auraient mis en place un système élaboré sur le réseau social X (anciennement Twitter) :

  1. Suppression des messages critiques envers le régime
  2. Génération de contenus pro-gouvernementaux en apparence indépendants
  3. Utilisation d'outils d'IA et de modèles linguistiques avancés

Une campagne d'influence massive

L'étude a analysé 464 comptes sur X, révélant :

  • 650 000 messages générés depuis janvier 2024
  • 50% des posts soutenant la position du Rwanda sur le conflit en RDC et les rebelles du M23
  • Des accusations contre Kinshasa de collaboration avec des milices hutues

Techniques de manipulation de l'information

Les chercheurs ont identifié plusieurs méthodes utilisées :

  • Photomontages à grande échelle utilisant l'IA
  • Retouches manuelles d'images
  • Création de faux clichés, comme une prétendue réunion de militants anti-rwandais

Un contexte politique tendu

Cette révélation intervient dans un contexte particulier :

  • Paul Kagame brigue un quatrième mandat présidentiel
  • Publication récente des "Rwanda Classified" par Forbidden Stories, dévoilant le système de soft power de Kigali
  • Implication présumée du régime dans la mort du journaliste John Williams Ntwali

Implications et conséquences

L'utilisation présumée de l'IA pour des campagnes de désinformation soulève plusieurs questions :

  1. Violation des règles des réseaux sociaux
  2. Éthique de l'utilisation de l'IA en politique
  3. Impact sur la démocratie et la liberté d'expression au Rwanda

Cette affaire met en lumière les défis croissants posés par l'IA dans la manipulation de l'information politique, particulièrement dans des contextes électoraux sensibles. Elle souligne également la nécessité d'une vigilance accrue face aux techniques de soft power de plus en plus sophistiquées.