Au regard de l’ampleur du phénomène de la dépigmentation de la peau, les populations Camerounaises préfèrent la méthode de la résistance. Selon eux, ce sont des hommes et femmes fières de leur créativité. On y note également des artisans qui mettent à la disposition des produits locaux qui seraient adoptés au teint d'ébène. Cette contre-offensive du gouvernement a créé des associations de lutte contre le changement de teint et de peau.
Au Cameroun plusieurs artisanes se sont spécialisées dans le domaine de la cosmétique naturelle. Cette technique permet aux peaux noires d'être claire. « Là vous avez des feuilles de dartrier que j’utilise très souvent pour faire du savon », a-t-elle martelé en tenant son pied. « J’utilise également les feuilles de citrons et j’utilise aussi les feuilles de goyavier. Au-delà de ça je peux utiliser pour certains produits cosmétiques, de la bave d’escargot parce qu'on sait très bien que la bave d’escargot est réputée pour lutter contre les vergetures », affirme Annette Engoutou.
Cette présidente d'entreprise fait partie de ces Camerounais qui, face aux proportions inquiétantes que prend la pratique de la dépigmentation ici, ont décidé d’opposer une démarche structurée en vue d’amener leurs concitoyennes de teint noire, à aimer leur peau. De l'autre côté, il y a des membres de la société civile comme Alex, qui s'est prononcé ouvertement contre la dépigmentation de la peau. « Nous, à la Black Attitude nous voulons que l’Afrique retourne vers son originalité », déclare le co-fondateur de l’association Black Attitude. Pour la dermatologue Tatiana Eroumè en 8 ans d'expérience, elle a souvent reçu des patientes à qui elle a donné goût à la peau noire.
D'après elle, « le teint noir protège cinq fois plus que la carnation blanche. C’est donc une peau qui est plus résistante, elle vieillit plus lentement, et elle n’a rien à envier aux autres carnations ».
Prôner les avantages à garder sa peau noire, c’est peut-être le message idéal de lutte contre la dépigmentation dans un pays où l’ampleur de cette pratique vient de pousser le gouvernement à interdire l’importation des produits cosmétiques décapants.
Bera Cruz