Politique

Conflit tribal au Soudan : Une centaine de morts en moins d’une semaine dans l’Etat du Nil-Bleu

Conflit tribal au Soudan : Une centaine de morts en moins d’une semaine dans l’Etat du Nil-Bleu

Eclaté à mi-juillet 2022, le conflit tribal dans le sud du Soudan a fait plus de 105 morts jusqu’au mercredi 20 juillet 2022. Le ministre de la santé de l’Etat du Nil-Bleu, Jamal Nasser, note qu’à part les morts, les heurts interethniques ont fait 291 blessés la semaine dernière. Le chef tribal des Haoussa du Nil-Bleu, de son coté, indique qu’on ne peut déterminer le nombre exact de victimes, certains cadavres étant encore ensevelis sous les décombres de leurs maisons. 

 

Le chef tribal des Haoussa de Khartoum explique qu’après presque une semaine d’affrontements à l’arme à feu, le calme semble revenu samedi 16 juillet dernier dans cet Etat frontalier de l’Ethiopie. Abdoulaziz al-Nour se désole, cependant, que les habitants du Nil-Bleu « sont encore harcelés ».  Pourtant M. Nasser, joint au téléphone par l’Agence France-Presse (AFP) à Ed-Damazin, chef-lieu de l’Etat du Nil-Bleu, explique que tout est calme désormais, mais, a-t-il ajouté, « il reste la question des déplacés ».

En fait, c’est pour l’accès à des terres que la violence a éclaté le 11 juillet 2022. Les altercations se sont alors accentuées entre les Haoussa, qui est l’une des plus grandes ethnies d’Afrique, présente du Sénégal au Soudan, et le clan des Bartis, dans l’Etat du Nil-Bleu, frontalier de l’Ethiopie. Mais les violences ont gagné plusieurs autres Etats, les Haoussa, l’une des ethnies impliquées dans le conflit, se mobilisant à travers le pays pour réclamer « justice pour les martyrs ».

En tout cas, la violence a gagné notamment l’Etat de Kassala, plus au nord, où lundi des milliers de Haoussa ont incendié des bâtiments publics. Mardi, des journalistes de l’AFP ont constaté qu’ils étaient des milliers à manifester à Khartoum, dans le Nord-Kordofan, dans le Centre, ou à Kassala, Gedaref et Port-Soudan sur l’Est côtier.

Triste

L’ONU explique que plus de 17.000 personnes de l’Etat du Nil-Bleu ont fui leurs maisons par peur des balles perdues. Il s’agit principalement des femmes et des enfants. En fait, plusieurs milliers d’entre eux survivent désormais dans trois écoles d’Al-Damazine.

Situé dans le sud du Soudan, l’un des pays les plus pauvres au monde, l’Etat du Nil-Bleu est lui aussi déshérité. L’ONU assure y avoir apporté une aide humanitaire à plus du tiers des habitants au premier trimestre 2022, soit 563.000 personnes.

Depuis 1983, l’Etat du Nil-Bleu est en proie à une rébellion. La guérilla sudiste a longtemps été une épine dans le pied de la dictature d’Omar Al-Bachir, écarté par l’armée sous la pression de la rue en 2019. Pour les experts, le vide sécuritaire créé par le putsch mené en octobre par l’ancien commandant de l’armée de terre, le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, a favorisé une résurgence des violences tribales dans un pays où chaque année des centaines de civils meurent dans des affrontements entre éleveurs et agriculteurs pour l’accès à l’eau ou aux terres. Particulièrement au Darfour, dans l’ouest du pays, frontalier du Tchad, les affrontements tribaux ont fait des centaines de morts.

Visesa Louangel