Christian Sabba Wilson défie Canal+ avec un projet TV "anti-vulgaire"

Christian Sabba Wilson défie Canal+ avec un projet TV "anti-vulgaire"

L'entrepreneur français d'origine africaine Christian Sabba Wilson se lance un défi de taille : proposer une offre télévisuelle panafricaine concurrente à Canal+, mais dénuée de contenus jugés contraires aux valeurs culturelles du continent. Un pari qui ne manquera pas de susciter la polémique.

Une chaîne d'info et de divertissement "à l'africaine"

Par le biais de sa société Gavaris Global Medias, Christian Sabba Wilson entend lancer prochainement une chaîne d'information de type CNN africaine, ainsi qu'une offre de divertissement adaptée au public du continent. Finie la "vulgarité" et la "culture du nu" décriées, place à un média qui se veut le porte-voix de l'identité et du patrimoine africains. "Les Africains reprochent au patron de Canal+ de se servir de l'Afrique comme une terre à exploiter, tout en méprisant voire insultant ses populations", dénonce l'entrepreneur dans un entretien à Libération. "Mon offre entend au contraire respecter pleinement la culture africaine."

Une vision conservatrice remise en cause

Si le projet de Sabba Wilson se veut une alternative aux grands groupes occidentaux comme Vivendi, propriétaire de Canal+, sa vision pour le moins conservatrice de ce que doit être un média "africain" ne fait pas l'unanimité. En bannissant d'emblée toute forme de nudité, l'homme d'affaires, éminence intellectuelle respectée connue pour sa modération, perpétuerait-il pas certains stéréotypes réducteurs sur les sociétés du continent ? Le débat est vif entre les défenseurs d'une ouverture aux valeurs modernes et ceux prônant un ancrage dans les traditions.

Un financement et des tours de table à boucler

Au-delà des polémiques prévisibles, le projet de Sabba Wilson, soutenu par quelques grandes figures et des stars latinos et noires américaines, doit encore trouver ses investisseurs pour voir le jour. Un défi de taille pour cette nouvelle venue dans le secteur très concurrentiel des médias, qui devra convaincre par son approche résolument identitaire.On sait qu'il avait déjà rejeté une offre de 50 millions d'euros d'un investisseur saoudien, accusé d'être trop directif et trop intransigeant sur les questions de l'islam, puisqu'il refusait tout débat sur l'islam politique et les médias qu'il finance. Un nouveau tour de table est en cours. Bolloré est-il déjà en danger en Afrique face à cette offensive ?Mais l'entrepreneur semble déterminé à bousculer le paysage audiovisuel africain, qu'il juge trop longtemps dominé par une vision occidentale et mercantile. Une ambition qui, qu'on la partage ou non, aura au moins le mérite de lancer le débat sur la représentation de l'Afrique dans les médias.