Medias en Afrique : Canal+ sur le point de créer un géant de l'audiovisuel en Afrique

Medias en Afrique : Canal+ sur le point de créer un géant de l'audiovisuel en Afrique

Le rachat du sud-africain MultiChoice par la filiale de Vivendi franchit une étape décisive. Une opération qui permettrait à Canal+ de dominer le marché de la télévision payante en Afrique subsaharienne, mais qui soulève des craintes sur l'indépendance des médias.

Un quasi-monopole en vue

C'est un deal à 2,7 milliards d'euros qui se profile. Canal+, la filiale de télévision payante du groupe Vivendi contrôlé par la famille Bolloré, est en passe de mettre la main sur MultiChoice, le leader de la télévision payante en Afrique anglophone. Avec 21,7 millions d'abonnés sur le continent africain, MultiChoice viendrait s'ajouter aux 7,5 millions de clients que compte déjà Canal+ en Afrique francophone. Une acquisition de poids, qui donnerait naissance à un mastodonte de près de 50 millions d'abonnés à travers l'Afrique subsaharienne.

Concurrencer les géants du streaming

Pour Maxime Saada, le président du directoire de Canal+, l'objectif est clair : "Créer un champion local qui puisse rivaliser et collaborer avec les géants mondiaux du secteur". Une stratégie offensive pour contrer la percée des plateformes de streaming comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime Video sur le continent africain. L'opération de rachat a franchi une étape décisive mardi avec la publication d'une circulaire conjointe aux actionnaires de MultiChoice. Un expert indépendant, la banque Standard Bank, y juge l'offre de Canal+ "juste et raisonnable".

Inquiétudes sur l'indépendance éditoriale

Si cette méga-acquisition réjouit les actionnaires sud-africains, elle suscite en revanche l'inquiétude des défenseurs de l'indépendance des médias. En contrôlant quasiment l'intégralité de l'offre payante, le futur géant de l'audiovisuel pourrait être tenté d'imposer une ligne éditoriale unique. De plus, la mainmise de la famille Bolloré sur Vivendi, la maison mère de Canal+, alimente les craintes d'une concentration excessive des médias entre les mains d'un seul actionnaire. Un risque de conflit d'intérêts qui pourrait menacer le pluralisme et la liberté de l'information en Afrique subsaharienne.