L'Université de Strasbourg a annoncé la création d'un conseil scientifique chargé d'étudier une collection de restes humains africains datant de la période coloniale allemande (1871-1918), lorsque l'Alsace faisait partie de l'Empire allemand. Cette décision fait suite à deux demandes distinctes de restitution.
Demandes de restitution de la Tanzanie et de la Namibie
La première requête émane de la province de Moshi en Tanzanie, qui réclame un inventaire précis et la restitution de restes humains issus des tribus Wachagga de la région du Kilimandjaro.La seconde provient de la fondation namibienne "Ovambanderu Genocide Foundation", concernant de possibles restes humains liés au génocide perpétré par les troupes allemandes contre les Hereros et Ovambanderu en 1904, considéré comme le premier génocide du XXe siècle.
Rôle du conseil scientifique
Le conseil pluridisciplinaire aura pour missions principales de :
- Procéder à un récolement rigoureux des restes, potentiellement une trentaine, pour s'assurer de leur provenance.
- Fournir des informations scientifiques aux autorités tanzaniennes et namibiennes.
- Déterminer les conditions juridiques et diplomatiques d'une éventuelle restitution.
- Nourrir la réflexion de l'Université sur la gestion de ces collections sensibles.
Un processus complexe mais nécessaire
"L'Université estime qu'il est de son devoir d'engager ce processus de restitution en toute transparence", a déclaré son vice-président Mathieu Schneider, soulignant la complexité juridique actuelle autour de l'inaliénabilité du patrimoine universitaire.Cette démarche pionnière en France vise à répondre aux enjeux éthiques et mémoriels liés à la conservation de restes humains issus de la période coloniale. L'Université espère faire œuvre d'exemplarité et être suivie par d'autres établissements.
