La France a subi un revers en Afrique de l'Ouest ces derniers mois, avec l'expulsion de ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger par les nouvelles juntes militaires au pouvoir. Ces pays ont opéré un rapprochement avec la Russie, accueillant les mercenaires du groupe Wagner pour combattre les groupes djihadistes. Ce revirement s'explique en partie par une lassitude des populations locales envers la présence militaire française jugée néo-coloniale, alimentée par une habile campagne de désinformation russe. Moscou a ainsi réussi à se présenter comme un partenaire désintéressé, défenseur de la souveraineté africaine.
Le Sénégal, prochain domino ?
Après cet effacement spectaculaire au Sahel, la question se pose de savoir si le Sénégal, autre ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest, pourrait connaître une évolution similaire. Plusieurs facteurs semblent cependant le préserver d'un tel scénario pour l'instant :
- Une tradition démocratique bien ancrée, illustrée par la récente élection présidentielle saluée pour son déroulement
- L'absence pour le moment de présence militaire russe sur le territoire
- Des relations économiques et d'assistance encore solides avec la France
Cependant, le vent de contestation anti-française souffle également au Sénégal, alimenté par la jeunesse en quête d'émancipation vis-à-vis de l'ancien colonisateur. La capacité de Paris à renouveler son partenariat sur un pied d'égalité sera déterminante pour préserver son influence.
Un tournant pour la politique africaine de la France
Cette perte d'influence en Afrique de l'Ouest marque un tournant pour la stratégie africaine séculaire de la France. Après des décennies de "Françafrique" néo-coloniale dénoncée, Paris doit réinventer ses relations avec le continent sur de nouvelles bases, loin de l'ingérence militaire et du soutien aveugle aux régimes autoritaires. Seul un réel rééquilibrage des partenariats, dans le respect des souverainetés et en phase avec les aspirations des peuples africains, permettra à la France de retrouver crédibilité et influence durables. Un défi de taille pour la diplomatie française, qui devra aussi composer avec la concurrence renouvelée d'autres puissances comme la Russie