Malgré des finances publiques exsangues et un endettement massif de 80% du PIB, la Tunisie est parvenue à honorer ses échéances de remboursement de la dette en 2023 et 2024, évitant ainsi un défaut de paiement redouté. Cependant, cette prouesse a un coût élevé pour l'économie tunisienne :
Une croissance économique famélique
Après une récession fin 2023, la croissance n'a atteint que 0,2% au 1er trimestre 2024, l'une des plus faibles depuis la révolution de 2011 selon la Banque africaine de développement (BAD). Cette quasi-stagnation s'explique par la priorité accordée au remboursement de la dette au détriment des importations de matières premières et d'énergie, indispensables au fonctionnement de l'économie très dépendante de l'extérieur.
Un pouvoir d'achat dégradé par l'inflation
Les pénuries récurrentes de denrées subventionnées comme la farine, le sucre et le lait, conjuguées à une inflation de 7,2% en avril 2024, ont fortement dégradé le pouvoir d'achat des Tunisiens.
L'impasse avec le FMI
Pour sortir de l'ornière, la Tunisie avait obtenu un accord de principe avec le FMI pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, conditionné à des réformes comme la levée des subventions. Mais le président Saied a rejeté ces "diktats inacceptables", bloquant le processus. Selon la BAD, les perspectives à moyen terme restent sombres en raison des risques de surendettement entravant l'accès aux financements extérieurs, et des tensions sociales liées à la vie chère. Malgré l'évitement du défaut, la Tunisie reste donc enlisée dans une grave crise économique et sociale, faute d'avoir pu mettre en œuvre les réformes nécessaires.